Une exposition à des composés qui augmentent le taux des estrogènes au cours de la grossesse peut accroître le risque de cancer du sein dans la descendance sur trois générations. Cette démonstration est faite chez le rat, mais elle soulève des questions chez les humains.
Une modification épigénétique, qui touche les régulateurs du génome, et qui a une traduction phénotypique, est-elle transmissible ? La question a été posée par Sonia de Assis et coll. (Georgetown University Medical Center). Leur étude menée chez l’animal tend à apporter une réponse positive.
« Même si la démonstration n’a pas été confirmée chez les humains, l’étude montre que des dommages environnementaux peuvent être transmis à la génération suivante, non pas à travers des modifications génétiques, mais des altérations épigénétiques, qui influent sur la manière dont l’information est décodée. »
Des rates en gestation que l’on a exposées à un régime comportant des lipides en excès ou à des estrogènes, les deux manipulations conduisant à une augmentation des estrogènes circulantes, donnent naissance à une génération de rates-filles qui apparaissent normales, mais qui ont un risque de cancer du sein accru par rapport à la normale. Et qui elles-mêmes transmettent ce risque accru à leur descendance. Il semble donc que les anomalies de la méthylation que ces expositions induisent altèrent les cellules germinales du fœtus exposé in utero.
« Pour la première fois il est démontré que des altérations de la méthylation de l’ADN sont héritables et trangénérationnelles », souligne Yue Wang.
L’étude a été menée sur trois groupes de rates et leur progéniture. Le risque de cancer du sein s’est accru de 55 à 60 % chez les descendants directs et chez ceux de la deuxième génération dans le groupe nourri avec une alimentation surchargée en lipides. Le risque n’a pas atteint la troisième génération.
Dans le groupe des rates exposées aux estrogènes, le risque s’est également accru de 50 % à la première génération et a touché les deux générations suivantes, comparativement au groupe témoin. Les deux types de manipulations ont entraîné une augmentation de cibles pour les carcinogènes dans le tissu mammaire.
Les résultats positifs sont d’une part que l’héritage épigénique du risque de cancer du sein pourrait être détectable sur un test sanguin : « Nous avons aussi identifié des sites clef de la méthylation impliqués dans le risque pour ce cancer. » Et d’autre part qu’il pourrait être réversible à l’aide de médicaments qui font une régulation négative des gènes en cause, comme le HDAC et le DNMT.
Nature Communications, 11 septembre 2012.
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