DE NOTRE CORRESPONDANTE
STAPHYLOCOCCUS aureus résistant à la méticilline ainsi qu’aux autres bêta-lactamines, est une cause majeure d’infections sévères parfois fatales, survenant principalement à l’hôpital mais aussi dans la communauté. De façon remarquable, la mortalité due au SARM aux États-Unis excède la mortalité liée au VIH/sida.
Les processus moléculaires sous-tendant les vagues d’épidémies de SARM sont mal compris. L’acquisition de déterminants de virulence par transfert de gène horizontal pourrait jouer un rôle majeur, toutefois il existe peu de données épidémiologiques et fonctionnelles pour étayer ce concept.
Une équipe de chercheurs, co-dirigée par le Dr Michael Otto (NIAID, NIH, États-Unis) et le Dr Yuan Lu (Shanghai Medical College, Chine), apporte maintenant une preuve de principe pour ce concept.
Récemment, le séquençage génomique d’une souche ST239, la souche prédominante en Asie, avait révélé un nouveau gène de fonction inconnue, appelé sasX ; ce gène était extrêmement rare, trouvé seulement dans 3 des 43 souches ST239 séquencées.
Dans une étude publiée par « Nature Medicine », Li et coll. ont analysé la séquence des souches de S. aureus isolées entre 2003 et 2011 chez 807 patients infectés hospitalisés dans 3 hôpitaux chinois.
Le gène sasX.
Les chercheurs ont découvert avec surprise que le gène sasX est beaucoup plus prévalent dans les souches SARM qu’on ne pensait. Ils ont aussi constaté une augmentation de sa fréquence : 21 % de souches SARM sasX-positive en 2003, pour atteindre 39 % en 2011, soit le double. À l’opposé, dans les souches S. aureus sensibles à la méticilline, la fréquence du gène sasX ne s’est pas accrue.
Par ailleurs, ils ont observé une dissémination récente du gène sasX aux clones invasifs appartenant à d’autres types de séquence. Ainsi, tandis qu’entre 2003 et 2005 le gène sasX était trouvé presque uniquement dans les souches ST239, sa fréquence dans les souches non-ST239 s’est considérablement accrue - de 5 % en 2003-2005 pour atteindre 28 % en 2009-2011.
En conduisant des expériences in vitro et chez la souris, les chercheurs ont démontré que le gène sasX joue un rôle clé dans la colonisation et la pathogénèse du SARM, majorant considérablement la colonisation nasale, la maladie pulmonaire et la formation d’abcès, et favorisant les mécanismes d’évasion à la réponse immune.
Transfert facile d’une souche à l’autre.
Le gène sasX est intégré dans un élément génétique mobile, un segment d’ADN qui peut se transférer facilement d’une souche à l’autre.
Ainsi, cette étude étaye la théorie selon laquelle l’émergence de nouveaux clones de bactéries SARM hautement virulentes survient à travers le transfert horizontal de gènes qui encodent des déterminants clé de virulence.
Le Dr Otto et son équipe prédisent que la fréquence du sasX devrait continuer d’augmenter dans les clones SARM asiatiques et internationaux.
« Nous proposons donc de conduire des efforts de développement médicamenteux ou vaccinal ciblant le sasX afin de prévenir la colonisation et l’infection par le SARM », concluent les chercheurs.
Li et coll., Nature Medicine, 22 avril 2012.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024