UNE SIGNATURE universelle du cancer, représentée par un biomarqueur spécifique et sensible, paraît un outil rêvé pour détecter précocement les tumeurs et évidemment améliorer le pronostic, voire obtenir de meilleurs taux de guérison. Le fin du fin en la matière serait de savoir faire sécréter par la cellule tumorale, et seulement par elle, un produit spécifique, détectable et mesurable dans le sérum. Le rêve pourrait devenir réalité, si l’on en croit le travail présenté dans «PloS ONE», et surtout si les résultats obtenus pour l’heure, in vitro et en préclinique, sur des modèles de souris sont confirmés dans l’évaluation pratique clinique.
Les applications concerneraient au premier chef les personnes dans des situations à risque (antécédents personnels ou familiaux de cancer, tabagisme…), précise Timothy Cripe (Service d’Oncologie à l’hôpital de Cincinnati Children’s).
Un virus travaillé par bio-ingénierie.
Ces chercheurs ont utilisé un virus herpès travaillé par bio-ingénierie, capable de traquer sélectivement les cellules cancéreuses, d’infecter les tumeurs, puis de délivrer un matériel génétique les incitant à sécréter un biomarqueur.
Leur étude présente une preuve de principe préliminaire de ce concept. Les chercheurs ont modifié génétiquement un herpès virus (qu’ils ont nommé rQ-M38G), capable de court-circuiter les tissus sains et de cibler rapidement des cellules cancéreuses au stade de division pour les infecter. Ils ont aussi armé les virus herpès d’un gène capable de faire sécréter aux cellules cancéreuses une enzyme, la Gaussia luciférase. La Gaussia luciférase est une protéine fluorescente, facilement détectable dans le sérum.
Le virus rQ-M38G a été testé initialement en laboratoire sur des cultures de cellules cutanées saines et sur des cellules cancéreuses se divisant rapidement. Dans les boîtes contenant les cellules cutanées dormantes, la réplication virale est à un niveau bas et la production de Gaussia luciférase aussi. À l’inverse, dans les boîtes contenant les lignées de cellules tumorales, la réplication virale ainsi que la production du biomarqueur sont significativement plus élevées. Les études ont porté sur des lignées de cellules malignes nerveuses, d’ostéosarcomes, de rhabdomyosarcome et de sarcome d’Ewing.
Production de Gaussia luciférase significative.
Les chercheurs ont ensuite testé les capacités du virus rQ-M38G sur des modèles murins des mêmes cancers, en injectant le virus modifié dans une veine de la queue, ainsi que chez des souris témoins.
Chez les témoins il n’y a pas eu de réplication, ni de production du biomarqueur à un niveau significatif. Chez les modèles murins de cancers en revanche, plus de 90 % des souris ont présenté une réplication virale et une production de Gaussia luciférase significatives. Enfin, la technique s’est montrée efficace chez des souris ayant des cancers du rein seulement à un stade microscopique. « Si elle fonctionne de manière équivalente chez les humains, des tumeurs cachées d’un centimètre de diamètre pourraient être détectables », ont commenté les chercheurs.
Il reste encore des questions à résoudre pour faire avancer le concept, comme celle de la production des anticorps contre le virus herpès rQ-M38G et contre la Gaussia luciférase, qui survient précocement.
Pour finir, cette nouvelle technique pourrait aussi s’avérer plus rentable et plus portable que les moyens actuels de dépistage par scanner. Ce qui la rendrait utile pour le diagnostic des cancers dans les pays peu développés.
Il n’existe à l’heure actuelle que peu de biomarqueurs de détection du cancer validés, comme le PSA dans le cancer de la prostate ou l’alphafœtoprotéine dans des cancers des cellules germinales et du foie.
PloS ONE, 11 mai 2011.
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