LA MÉTHODE est originale. À partir de l’analyse génétique de la salive, une équipe californienne est désormais capable de donner l’âge d’un individu, à 5 ans près. L’équipe d’Eric Vilain voit deux intérêts majeurs à sa découverte. Le premier vise la médecine légale. La présence de salive sur un verre, après une morsure,… donneraient une idée de l’âge du coupable présumé. Le second serait de mieux préciser l’âge biologique d’un individu, parfois dissocié de la réalité.
La démarche scientifique est venue d’un besoin médical, celui de trouver des marqueurs fiables de la sénescence. Les Californiens se sont donc penchés sur la méthylation de l’ADN. En effet, le vieillissement et l’environnement influent sur l’ADN, notamment par le biais des méthylations qui évoluent aussi avec le temps. Elles participent au phénomène du vieillissement.
Pour les besoins de l’étude 34 paires de vrais jumeaux, de sexe masculin et âgés de 21 à 55 ans, ont été enrôlées. Le séquençage de leur génome à permis d’identifier 88 loci dont la méthylation était fortement corrélée à l’âge. Comme cela est habituel dans ce genre d’analyse, la mise en évidence devait être répliquée chez d’autres volontaires. Il s’agissait alors de 31 hommes et de 29 femmes âgés de 18 à 70 ans, chez qui le constat a été confirmé.
Une marge d’erreur de 5 ans.
Ensuite un modèle prédictif a pu être créé. Il repose sur deux des trois gènes dont la méthylation était la plus fortement corrélée au vieillissement. Ils ont ensuite appliqué leur modèle aux données recueillies chez les tous participants. Les âges ont été prédits correctement avec une marge d’erreur de 5 ans, une précision encore jamais atteinte. Les chercheurs estiment leur méthode si puissante que l’étude de seulement deux gènes permet de parvenir aux conclusions.
Outre les aspects médico-légaux, l’évaluation de l’âge pourrait servir auprès de la minorité d’individus chez qui existe une discordance entre les âges biologique et chronologique (dans un sens ou dans l’autre). Les dépistages et les thérapeutiques pourraient alors être « taillés sur mesure » selon l’état biologique des patients. Ils prennent l’exemple de la coloscopie de dépistage à 50 ans qui pourrait être remplacée par des tests de dépistage chez un individu biologiquement plus jeune. De même un risque de survenue d’une pathologie pourrait être mieux évalué et le traitement précisément adapté. Globalement le ciblage des patients serait plus fin.
Mais les chercheurs sont déjà partis plus avant. Ils commencent à explorer un univers différent : celui de la corrélation entre l’âge biologique et l’espérance de vie. Vit-on plus vieux quand son corps est plus jeune ?
PLoS ONE, 22 juin 2011.
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