L’injection du gène de l’aquaporine 1 dans une parotide a été testée chez 11 sujets ayant une xérostomie à la suite d’une irradiation pour cancer de la tête et du cou. Parmi eux, cinq ont été améliorés, cela sans complication sévère liée à la thérapie génique.
« Vous ne pouvez pas imaginer comme il est gratifiant d’avoir jeté une idée sur la table en 1991 et de voir maintenant qu’elle est entrée en essai clinique et qu’elle aide les gens », se réjouit Bruce Baum, auteur principal de cette étude, retraité du National Institute of Dental and Craniofacial Research (NIDCR, branche du NIH américain), qui a passé ces 21 dernières années à tenter de faire entrer en clinique la thérapie génique des glandes salivaires.
L’intérêt de Baum pour les survivants des cancers de la tête et du cou remonte aux années 1980. Dans la « Clinique de la bouche sèche » du NIDCR, il voyait des sujets ayant eu une radiothérapie pour leur cancer et qui souffraient de sécheresse de la bouche. Il se sentait frustrée de ne rien pouvoir leur proposer pour cette xérostomie source de difficultés à avaler, d’inflammation, d’infections, de mauvaise haleine et de douleurs.
Gène de l’aquaporine 1 dans un vecteur adénoviral.
Au début des années 1990, quand la première thérapie génique est entrée en clinique (il s’agissait d’un essai dans le déficit en adénosine déaminase), Baum a compris qu’il y avait là la possibilité de faire la différence. Un scénario dessiné sur une nappe et quinze ans de recherche plus tard, Baum et coll. ont entrepris un essai de thérapie génique chez des animaux à qui était transféré le gène de l’aquaporine 1 ; ce gène s’est exprimé par la création de nouveaux canaux hydriques dans les glandes salivaires imperméables. À la suite de ces travaux, un essai clinique de phase I a été mis en place en 2008.
L’essai a porté sur 11 patients survivants d’un cancer de la tête et du cou. Tous ont reçu dans une des deux parotides une injection unique du gène de l’aquaporine 1 administrée par le biais d’un vecteur adénoviral désarmé. Chez 5 des 11 patients, on a observé une augmentation de la sécrétion salivaire avec réapparition de la sensation d’humidité et de lubrification dans la bouche.
Parmi les 6 patients qui n’ont pas tiré bénéfice de la thérapie génique, aucun n’a développé d’effet secondaire important. Le plus fréquent des effets adverses était une réponse immunitaire transitoire et modérée contre l’adénovirus.
Les chercheurs vont évaluer un autre vecteur pour véhiculer le gène de l’aquaporine 1, vecteur qui ne devra provoquer qu’une réponse immunitaire minimale.
Proc Natl Acad Sci USA, 6 novembre 2012.
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