L’IDENTIFICATION d’altérations génétiques au sein des cellules cancéreuses est aujourd’hui indispensable pour le diagnostic, la classification, le choix et la surveillance du traitement d’un nombre croissant de cancers. Les 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire mises en place depuis 2006 dans le cadre d’un programme soutenu par l’INCa et la DGOS (Direction générale de l’offre de soins) permettent désormais aux patients de bénéficier de tests moléculaires nécessaires quel que soit le lieu de la prise en charge. Deux nouveaux rapports publiés par l’INCa montrent que l’activité globale de ces plateformes est en augmentation. En 2010, 278 000 tests ont été réalisés au bénéfice de 144 000 patients, contre 102 000 en 2009. Parmi les 60 types de tests réalisés par les plateformes, 14 déterminent l’accès à des thérapies ciblées existantes ou en cours de développement. Depuis 2001, plusieurs thérapies ciblées ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) restreinte à un groupe de patients présentant des altérations moléculaires spécifiques, permettant en quelque sorte un traitement « sur mesure » des tumeurs. L’exemple princeps est l’imatinib, utilisé pour le traitement des patients atteints de leucémie myéloïde chronique ou de leucémie aiguë lymphoblastique et dont les cellules tumorales sont porteuses d’une translocation de BCR-ABL. Ce traitement a révolutionné le traitement de la leucémie myéloïde chronique : 88 % des patients sont désormais en vie 6 ans après le diagnostic, contre 20 % avant l’arrivée de cette molécule. Le trastuzumab dans le traitement adjuvant du cancer du sein avec amplification de HER2 en est un autre exemple : il a permis de réduire de 50 % le risque de récidive.
Un développement rapide.
En 2010, 9 biomarqueurs conditionnaient l’emploi de 8 molécules bénéficiant d’une AMM dans 7 localisations tumorales dont la leucémie myéloïde chronique, le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer du sein. Dans ce cadre, 75 000 ont ainsi été réalisés dont 23 800 quantifications de BCR-ABL pour 11 000 patients atteints de leucémie myéloïde chronique (LMC), 16 600 examens pour la recherche de mutations de KRAS dans le cancer colorectal, 16 800 examens pour la recherche de mutations d’EGFR dans le cancer du poumon. Le nombre de patients ayant bénéficié de ces examens et donc d’une stratégie thérapeutique ciblée est en hausse : 61 000 patients contre 42 874 en 2009 et 31 965 en 2008, soit une activité multipliée par deux en deux ans.
Les résultats sont cependant très variables d’un marqueur à l’autre. Dans le cancer du poumon, la recherche des mutations activatrices de l’EGFR est en nette progression avec plus de 16 800 patients ayant bénéficié du test contre seulement 2 667 en 2009. En revanche le nombre de tests KRAS est resté stable, un résultat attendu qui, selon l’INCa, met en évidence « l’atteinte d’une phase d’équilibre correspondant à la couverture des besoins sanitaires ».
L’INCa anticipe un développement rapide des biomarqueurs utilisés en pratique clinique du fait du nombre croissant de thérapies ciblées déjà en cours de développement. Afin de les rendre disponibles le plus rapidement possible, un programme de détection prospective de biomarqueurs émergents dans le cancer du poumon, le cancer colorectal et le mélanome a été mis en place et 3,5 m€ ont été alloués aux plateformes en 2010. Grâce à ce programme, les plateformes ont ainsi été en mesure de réaliser la recherche de la mutation BRAFV600E dans le mélanome lorsque le vemurafenib a bénéficié, en avril 2010, d’une ATU (autorisation temporaire d’utilisation) de cohorte. De même, un programme d’assurance qualité a été élaboré pour définir les bonnes conditions de mise en œuvre des tests moléculaires.
Enfin dans son bilan, l’INCa souligne qu’au-delà du bénéfice apporté aux patients, les analyses médica-économiques publiées à ce jour convergent pour montrer que le ciblage thérapeutique s’avère être une stratégie coût-efficace pour la société : « les coûts engendrés par la réalisation des tests moléculaires sont très largement compensés par les coûts des traitements inutiles évités », précise l’institut.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024