Très souvent asymptomatique, le prolapsus mitral est une affection qui touche 2 à 3 % de la population mondiale. Son mécanisme mal connu a rendu, jusqu’à présent, impossible la mise au point de traitement et une prévention efficace autre que le remplacement de la valve mitrale. Deux articles parus dans « Nature » et publiés en ligne sur le site de « Nature Genetics » pourraient bien changer la donne, en mettant en évidence trois protéines impliquées dans l’épaississement progressif de la valve mitrale : la dyxine, la tensine 1 et une protéine de la famille des protocadhérines.
Les cousins de Vendée
L’exploration de l’origine génétique complexe du prolapsus mitral a commencé en 1996, lorsque deux cousins sont hospitalisés simultanément au service de cardiologie et maladies vasculaires de l’Institut du thorax, au CHU de Nantes. Cet événement permet aux chercheurs d’isoler deux familles vendéennes, liées par un ancêtre commun. En séquençant et comparant les génomes des membres de ces deux familles, les scientifiques de l’Institut du thorax ont identifié un premier gène responsable du prolapsus mitral en 2006.
Lors de travaux plus récents publiés en ligne sur le site de « Nature Genetics », les équipes du Pr Xavier Jeunemaître et du Pr Albert Hagège de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), associées aux équipes INSERM UMR 970 de l’Université Paris-Descartes et à l’Institut du thorax ont mis en évidence 6 régions chromosomiques associées au prolapsus de la valve mitrale, en comparant les génomes de 2 312 malades et 8 296 volontaires sains.
Interaction cellulaire et développement de la valve
En modifiant sélectivement les gènes constitutifs de ces 6 régions chez des poissons-zèbres et des souris, les chercheurs ont observé des phénomènes de régurgitation mitral lorsque deux protéines n’étaient plus produites : la tensine 1 (codée par le gène TNS1) et la dyxine (codée par LCMD1). Alors que la tensine 1 est une protéine importante dans les interactions cellulaires en général, la dyxine est plus spécifiquement impliquée dans le développement des valves cardiaques.
Ces résultats sont complétés par d’autres données qui seront publiées jeudi dans la version papier de « Nature » (publication en ligne le 10 août dernier), issues de la collaboration entre l’Institut du thorax, les médecins de l’HEGP et plusieurs équipes américaines dont celle du Dr Ronen Durst, du centre de recherche en génétique humaine de Harvard, premier auteur du second article paru dans « Nature ». Ces chercheurs ont identifié une troisième protéine, de la famille des protocadhérines codée par le gène DCHS1, grâce à l’étude d’une grande famille américaine et de deux autres familles française. Le variant génétique de DCHS1 reste toutefois beaucoup plus rare que ceux de TNS1 et LCMD1.
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