De notre correspondante
« DÉCOUVRIR LES PREMIERS gènes qui sous-tendent la pelade est un grand pas en avant, mais la nature de ces gènes est encore plus intéressante », explique dans un communiqué le Pr Angela Christiano, professeur de dermatologie et de génétique et développement (université Columbia, New York), qui a dirigé ce travail.
« Il semble qu’il existe un mécanisme commun parmi les organes qui expriment les signaux de danger du NKG2D dans le cadre du processus déclencheur. Et puisque des médicaments ciblant ces voies sont déjà évalués pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1 et d’autres maladies auto-immunes dans lesquelles le récepteur NKGD2 est impliqué, nous pourrions être bientôt en mesure d’évaluer ces médicaments dans des essais cliniques pour la pelade. Nous pouvons enfin développer des médicaments qui en ciblent spécifiquement le mécanisme sous-jacent », souligne le Pr Chritiano, atteinte elle-même.
On estime que 1,7 % de la population est touchée à un moment de la vie par la pelade, une maladie auto-immune dirigée contre le follicule pileux qui provoque une perte de pilosité. Habituellement, la pelade reste localisée au cuir chevelu et se restreint à de petites plaques d’alopécie, mais elle peut progresser et s’étendre à tout le cuir chevelu (alopécie totale), voire à tous les poils du corps (pelade universelle).
L’évolution est imprévisible et variable. Tandis que la majorité des gens guérissent au bout d’un an, environ 10 % sont atteints de façon chronique. Il n’existe aucun traitement curatif définitif. Des facteurs héréditaires semblent jouer un rôle, mais la base génétique demeurait à ce jour largement inconnue.
Une étude d’association génomique.
Petukhova, Christiano et coll. ont réalisé une étude d’association génomique portant sur plus de 1000 cas de pelade et 3200 témoins.
Les résultats, publiés dans « Nature », identifient 8 loci de susceptibilité à la pelade, situés sur les chromosomes :
- 2q33, contenant le gène CTLA-4 (cytotoxic T lymphocyte-associated antigen 4);
- 4q27, contenant les gènes IL-2/IL21;
- 6p21, contenant les gènes HLA;
- 6q25, contenant les gènes ULBP, qui codent pour des ligands activant le récepteur NKG2D sur les cellules tueuses naturelles;
- 10p15, contenant le gène IL-2RA (CD25);
- 12q13, contenant les gènes Eos (IKZF4) et ERBB3;
- 9q31, au sein du gène STX17 (syntaxine 17);
- 11q13, en amont du gène PRDX5 (peroxidoxine 5), qui encode une enzyme anti-oxydante impliquée dans la réponse au stress oxydatif.
Ces données impliquent plusieurs facteurs génétiques qui pourraient agir conjointement pour induire et favoriser une dysrégulation immune dans la pathogenèse de la pelade.
Certains de ces gènes contrôlent l’activation et la prolifération des cellules T régulatrices et de leurs antagonistes fonctionnels qui sont les cellules T helper pro-inflammatoires Th17 (IL-2RA, IL-2/IL-21, Eos, CTLA-4). Ces gènes sont également impliqués dans d’autres formes d’auto-immunité. D’autres gènes sont exprimés dans le follicule pileux lui-même (STX17, PRDX5, ULBP).
Des protéines surexprimées dans la gaine du follicule pileux.
L’étude met ainsi en cause une nouvelle classe de ligands du récepteur NKG2D, les protéines ULBP, dans la maladie auto-immune. Examinant le rôle d’une de ces protéines, les chercheurs ont constaté une surexpression de ULBP3 dans la gaine dermique du follicule pileux durant la phase active de la pelade.
Cela suggère que la destruction auto-immune dans la pelade pourrait être provoquée en partie par les cellules T cytotoxiques CD8+ NKG2D+, dont l’activation est induite par une augmentation de ligands du NKG2D, comme les ULBP, au sein de la gaine dermique du follicule pileux.
En conclusion, cette étude démontre donc le rôle de l’immunité innée et de l’immunité acquise dans la pathogenèse de la pelade. Elle définit les mécanismes génétiques de la pelade, dont certains sont des mécanismes communs aux maladies auto-immunes, et met en cause un nouveau mécanisme déclencheur de maladie auto-immune : la régulation positive des ligands ULBP.
Le prochain objectif des chercheurs est de répliquer ces résultats.
Nature 1 er juillet 2010, Petukhova et coll.
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