GÉNIE GÉNÉTIQUE, génomique, biologie de synthèse, chimie biomimétique, ces domaines sont complexes et, si l’ouvrage ne se lit pas aussi facilement qu’un roman, il propose un tour d’horizon accessible des grands apports de la biologie contemporaine. Pour permettre au lecteur de mieux saisir les applications concrètes de cette révolution biologique dans le domaine de la santé, dont certaines existent déjà en matière de thérapie génique notamment, François Gros commence par exposer les grandes avancées dans la compréhension de l’origine et de la nature de la vie, dans celle des mécanismes qui sous tendent l’évolution des espèces comme dans celle du fonctionnement de l’usine cellulaire.
Soixante ans après la découverte de la double hélice d’ADN, à peine dix ans après le séquençage du génome humain, la biologie contemporaine apporte des éclairages étonnants sur ces milliards d’années qui ont séparé la « molécule » de « l’homme », permet d’envisager une biodiversité moléculaire et génétique insoupçonnée et a réussi à entrevoir le monde totalement inexploré des ARN explique François Gros.
Le terme de biodiversité est en vogue depuis une petite vingtaine d’années et s’inscrit dans les préoccupations de notre temps avec la mise en cause de la responsabilité de l’homme dans sa menace. Parallèlement, souligne François Gros, les sciences biologiques permettent aujourd’hui une étude de cette diversité jamais égalée. Si le nombre d’espèces inconnues est encore considérable, l’évaluation de la crise contemporaine de la biodiversité est néanmoins tout à fait précise et alarmante, assimilée par certains scientifiques à une sixième crise d’extinction (les cinq précédentes datent de 440, 370, 250, 210 et 65 millions d’années). La génétique est par ailleurs irremplaçable pour essayer de comprendre les origines du vivant et pour reconstituer les multiples filiations établies au cours de l’évolution des espèces.
Le nouveau monde des ARN.
L’auteur passe avec pédagogie de la nouvelle classification du vivant (archées, eucaryotes, bactéries) établie par Carl Woese au cladisme de Willi Hennig fondé sur « la généalogie récente en partage », explique le développement de la phylogénie moléculaire permis par la comparaison des séquences génomiques avant de développer longuement la découverte fascinante de ce qu’il est convenu d’appeler le « nouveau monde des ARN ». Ces ARN non codants sont apparus en effet essentiels à la régulation de la physiologie cellulaire et leur découverte a totalement modifié l’approche conceptuelle de l’information et de la régulation génétiques ; au point que certains biologistes estiment nécessaire de revoir la notion classique de « gène ». Un monde mystérieux donc qui semble loin d’avoir livré tous ses secrets.
Nouveaux outils, nouveaux paradigmes, nouveaux champs d’exploration font émerger trois courants de l’évolution biologique contemporaine. Un premier, naissant de la « biologie structurale », véritable exploration physico-chimique des interactions moléculaires grâce à la mise au point de modèles tridimensionnels. Un second, issu de la « biologie des systèmes », destiné à esquisser un schéma global tenant compte de la multitude des composants en interaction au sein de la cellule ou de l’organe. Un troisième, celui de la « biologie synthétique », rendu possible par la capacité de créer des structures biologiques artificielles substituables, avec les nombreux débats éthico-philosophiques que ce nouveau pouvoir suscite. « La biologie nous ouvre sans cesse les portes d’un monde nouveau », sans cesse plus complexe et plus passionnant écrit François Gros dont l’enthousiasme communicatif ne se dément pas.
François Gros, Les nouveaux mondes de la biologie, Odile Jacob, 252 pages, 24,90 euros.
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