ENTRE convenance personnelle et préoccupations d’ordre médical, le choix du sexe de l’enfant à venir est une quête très ancienne, universelle et plus ou moins légitimée selon les cultures et les motivations. En matière de médecine, a fortiori quand cette discipline approche les mystères de la procréation, l’imagination humaine est depuis toujours particulièrement créative ! Pour preuve, le catalogue dressé par l’auteur : D’idéoplastie (influence des images mentales de la femme sur la morphogénèse) en conseils issus de la mégalanthropogénésie (art de faire de grands hommes), de techniques de castration ou d’ovariectomie unilatérale (privilégier le côté droit donne des garçons) en préceptes sur la technique du rapport sexuel (l’orgasme féminin donne des garçons), de recommandations fondées sur les conjonctions astrales avec les mois de conception mâle ou femelle, les jours pairs et impairs dans la conception védique ou le respect des horaires de marée en consignes alimentaires (déjà Aristote les donnait), la liste est proche de l’inventaire à la Prévert. Progrès scientifiques aidant, des méthodes efficaces existent désormais ce qui n’empêche pas les régimes alimentaires, et autres pratiques écologiques, de poursuivre une carrière florissante, puisque « ceux qui obtiennent satisfaction tiennent leur attestation pour une démonstration », souligne l’auteur.
L’avenir du sex ratio.
La science fait aujourd’hui beaucoup moins de cas du calendrier lunaire et autre méthode poétique de choix du sexe ! Le tri des spermatozoïdes par cytométrie en flux suivi d’une fécondation in vitro est une méthode fiable mais contraignante et onéreuse et qui ne peut être adaptée aux indications génétiques. Les autres méthodes font appel, non plus au choix du sexe, mais à l’arrêt sélectif du développement des embryons ou fœtus du sexe non souhaité après diagnostic par échographie, caryotype fœtal ou embryonnaire (suivie d’une fécondation in vitro) et par biologie moléculaire sur le sang maternel. Ces méthodes ont chacune leur pesanteur physique et psychologique, nécessitent presque toutes la destruction de l’embryon ou du fœtus non souhaité, et sont réservées légalement aux indications génétiques. Ce qui n’exclut pas pour autant, en pratique, leur utilisation pour convenance personnelle. Certes aujourd’hui, leur utilisation à grande échelle est limitée. Mais que pourrait-il se passer si d’autres méthodes, aussi efficaces et moins contraignantes, voyaient le jour et devenaient un banal acte de consommation pour qui veut choisir le sexe de son enfant ? Tant que la motivation des parents est un désir d’équilibrage des fratries, le sex-ratio ne s’en trouverait pas modifié estime C Humeau. Mais la programmation du sexe et la préférence pour l’un deux peuvent être souhaitées pour des raisons socioculturelles : c’est déjà le cas en Chine ou en Inde, pays qui connaissent une démographie dangereusement déséquilibrée au profit des garçons. Ou à leurs dépens, si l’on en juge par les stratagèmes plus ou moins sinistres mis en œuvre pour leur trouver des compagnes. Même si l’on peut parier, comme l’auteur, qu’utilisé dans le seul but d’équilibrer les fratries, le choix médical du sexe de l’enfant à venir ne peut causer de profond bouleversement démographique, il n’en reste pas moins porteur de questions éthiques majeures non résolues.
Pr Claude Humeau, Choisir le sexe de son enfant, Odile Jacob, 155 pages, 21,90 euros.
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