DES TOULOUSAINS montrent que certaines souches d’Escherichia coli produisent une génotoxine, la colibactine, directement dans le côlon et que cette substance est toxique pour l’ADN des cellules épithéliales coliques. Elle provoque des mutations et altère le nombre et la structure des chromosomes, conduisant à la transformation maligne des cellules.
Si certaines souches d’E. coli sont connues pour provoquer une diarrhée (turista), des toxi-infections alimentaires (syndrome hémolytique et urémique lié au sérotype O157:H7) et des infections urinaires, la grande majorité des souches colonisent pacifiquement le côlon de l’homme et des animaux à sang chaud ; E. coli est même une des premières bactéries à s’installer dans le tube digestif du nouveau-né. Toutefois, certaines de ces souches dites commensales possèdent dans leur génome une structure génomique appelée « îlot génomique » qui contient des gènes impliqués dans la biosynthèse d’une génotoxine, la colibactine.
Cassures de l’ADN.
Dans leur nouvelle étude, des chercheurs de l’INRA, associés à l’école vétérinaire et au CHU de Toulouse, démontrent que ces souches d’E. coli commensales produisent directement la colibactine dans le côlon. Cette toxine provoque des cassures double brin de l’ADN, comme le feraient des rayonnements ionisants. Comme l’explique un communiqué, « ces lésions de l’ADN, incorrectement réparées par les systèmes de réparation cellulaires, entraînent l’accumulation d’anomalies chromosomiques (aberrations de la structure et du nombre de chromosomes) et des mutations. Ces phénomènes d’instabilité chromosomique et de mutations géniques sont des causes de la transformation maligne des cellules et sont fondamentaux dans la genèse des cancers ».
« Cette découverte pose une question de santé publique, poursuit le communiqué. Les cassures double brin de l’ADN engendrées dans les cellules du côlon sont des lésions dangereuses car elles entraînent des événements à la base des processus de transformation maligne des cellules et de cancérisation. La présence de ces bactéries génotoxiques dans la flore intestinale pourrait donc représenter un facteur prédisposant au développement du cancer du côlon (...) Les travaux des chercheurs de l’INRA invitent à explorer de nouvelles approches prophylactiques pour prévenir le portage de ces souches génotoxiques d’E. coli. »
Gabriel Cuevas-Ramos, Claude Petit, Ingrid Marcq, Michèle Boury, Eric Oswald, Jean-Philippe Nougayrède. Proc Natl Acad Sci USA, édition en ligne du 7 juin.
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