DE NOTRE CORRESPONDANT
BIEN QUE la première naissance d’un singe rhésus après fécondation in vitro (FIV) remonte à 1984, les tentatives de production de modèles expérimentaux simiens par les techniques de procréation assistée ont, jusqu’ici, été assez peu concluantes. L’équipe du Chinois Weizhi Ji, en collaboration avec une équipe INSERM de Lyon, a administré à 81 embryons de singes rhésus obtenus après FIV un vecteur SIV (Simian Immunodeficiency Virus) porteur d’une séquence codant l’EGPF (Enhanced Green Fluorescent Protein). Ils ont utilisé, pour le guidage de cette séquence, un promoteur CAG, connu pour garantir une expression forte et stable du transgène dans l’ensemble des cellules. L’injection du vecteur a été faite à deux stades de développement embryonnaire : soit une à deux cellules, soit quatre à huit cellules.
Fluorescence.
Après 3 à 5 jours de mise en culture, une fluorescence est apparue chez 70 de ces embryons (EGPF positifs), témoignant d’un degré élevé (86 %) de transfection. Parmi eux, 30 ont été implantés chez huit guenons porteuses, 8 provenant d’embryons transfectés au stade d’une à deux cellules, donnant lieu à une grossesse triple, et 22 provenant de blastocytes transfectés au stade de quatre à huit cellules, aboutissant à quatre grossesses.
Alors que la grossesse triple a avorté, les quatre grossesses résultant de l’implantation d’embryons transfectés au stade de quatre à huit cellules ont été menées à terme et deux des singes nouveau-nés exprimaient le marqueur EGPF de manière stable dans tout l’organisme. Afin de préciser les caractères de l’expression du transgène, les chercheurs ont analysé, en cytométrie de flux, les fibroblastes des deux singes après biopsie cutanée. Les degrés d’expression de l’EGPF étaient de 28 % et de 17 %. Il s’agissait donc, dans les deux cas, d’une expression chimérique. Par ailleurs, une analyse PCR confirmait la présence d’ADN proviral dans les fibroblastes des deux macaques transgéniques.
Taux de succès de 27 %.
Les auteurs notent que le taux de succès (naissance de singes transgéniques sains) est élevé (27 %). Ils précisent par ailleurs qu’ils ont utilisé un vecteur lentiviral SIVmac251 très atténué et que ni la réalisation de l’injection du vecteur, ni le vecteur lentiviral lui-même, n’ont été responsables de lésions notables chez les embryons. Il est intéressant de remarquer que l’activation du génome embryonnaire, qui se produit à un stade embryonnaire de six à huit cellules chez les singes rhésus, ne semble pas avoir d’incidence sur la qualité de la transfection des blastomères ou leur expression du transgène car aucune différence significative n’a été observée entre les groupes transfectés aux stades de une à deux cellules ou de quatre à huit cellules.
L’obtention de singes nouveau-nés exprimant l’EGPF sur un mode chimérique (par conséquent, non entièrement transgéniques) s’explique peut-être par le fait que l’intégration des vecteurs lentiviraux dans le génome des animaux traités peut prendre une ou plusieurs divisions cellulaires avant d’être complète. L’efficacité de la technique employée par l’équipe de Weizhi Ji reposera donc sur des améliorations visant à augmenter à la fois le nombre d’animaux transgéniques et le taux de chimérisme.
Y Niu, W Ji et coll. Transgenic rhesus monkeys produced by gene transfer into early-cleavage-stage embryos using a simian immunodeficiency virus-based vector. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne.
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