Schizophrénie

Des mutations dans des formes de novo

Publié le 15/10/2010
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La schizophrénie est une maladie complexe alliant composantes génétiques et environnementales.« Puisque l’héritabilité de cette maladie est importante, rappelle un communiqué, les chercheurs se sont attelés pendant longtemps à lui découvrir une origine génétique, avec des résultats en demi-teinte. » Il a été peu à peu admis qu’il n’existait pas de gènes à effet majeur dans la schizophrénie ; et l’on a estimé que cette affection pouvait résulter d’une combinaison de variations génétiques, fréquentes dans la population, chacune ayant un effet mineur, interagissant entre elles et avec des facteurs environnementaux. Certains travaux ont suggéré qu’un petit nombre de gènes dysfonctionnels (une dizaine) serait nécessaire pour qu’un individu déclare la maladie ; mais que des centaines voire des milliers de gènes pourraient être en cause à l’échelle de la population. C’est dans ce contexte que des chercheurs canadiens (Guy Rouleau et coll., université de Montréal), en collaboration avec un consortium international incluant des chercheurs de l’INSERM (équipe de Marie-Odile Krebs) ont séquencé entièrement 1 000 gènes impliqués dans le fonctionnement des synapses neuronales. Cela car études antérieures ont souligné la présence d’anomalies dans certains gènes impliqués dans le fonctionnement des synapses qui délivrent le glutamate, neurotransmetteur nécessaire à l’apprentissage et à la mémorisation.

Pas d’antécédent familial.

Ont été inclus dans cette étude des patients et leurs parents ; ces patients ont été choisis car ils n’avaient pas d’antécédent familial d’affection psychiatrique, ce qui devait augmenter les chances de découvrir des mutations de novo (non présentes chez leurs parents). Résultat : les chercheurs ont pu identifier des mutations dans deux gènes en particulier : le gène de la kinésine 17 et le gène de la protéine SHANK3. On a pu observer un excès de mutations de novo qui seraient à même d’expliquer l’apparition de la maladie. Ces résultats renforcent l’hypothèse d’un rôle du système glutamatergique dans la schizophrénie.

L’implication de mutations de novo permet d’expliquer un certain nombre de cas sans antécédent familial et fournit une première explication à la persistance de la maladie malgré le manque de descendance. Cela dit, il faut bien se garder de penser qu’on a découvert « le gène » de la schizophrénie : « il est clair que ces mutations rares ne rendent pas compte de l’intégralité des cas de schizophrénie », soulignent les chercheurs.

Julien Tarabeux et coll. Biological psychiatry, octobre 2010.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8837