LE CANCER du pancréas, reste de traitement difficile. La seule option curative étant la résection chirurgicale, mais seuls 10 à 15 % des cas sont éligibles pour la chirurgie, et la médiane de survie n’est que de dix-sept mois. Chez les autres patients, on recourt à la chimiothérapie palliative, par gemcitabine dans les formes localement avancées, avec le folfirinox dans les tumeurs métastatiques. S’ils améliorent quelques paramètres cliniques, ces traitements n’ont qu’un impact modeste sur la médiane de survie.
Dans ce contexte d’urgence à trouver de nouvelles options thérapeutiques, une équipe de Toulouse réalise une étude unique, à la pointe de la recherche et de la médecine, qui pourrait améliorer la prise en charge des patients ayant un cancer du pancréas avancé.
Le principe est d’utiliser deux gènes thérapeutiques qui vont réaliser une chimiosensibilisation à la gemcitabine. L’un est le gène sst2, codant pour le sous-type d2 du gène de la somatostatine. Ce récepteur disparaît dans le cancer du pancréas. Quand on le réintroduit, il induit une inhibition de la prolifération des cellules tumorales, de l’apoptose et un effet antiangiogénique. L’autre est le gène DCK-UMK, codant pour des enzymes de phosphorylation de la gemcitabine. Les deux réalisent une chimiosensibilisation, avec de plus un effet antitumoral du gène sst2.
Les études précliniques ont montré qu’en combinant sst2 et DCK-UMK, transportés dans un vecteur synthétique (polycathion, qui englobe l’ADN médicament et permet de traverser les deux membranes plasmiques et nucléaires), le transfert de gène dans le pancréas est effectif dans les modèles in vitro et chez l’animal. Et que cela induit une réduction de la prolifération des cellules du cancer, une sensibilisation des cellules à la chimiothérapie et une inhibition de l’angiogenèse, avec réduction des métastases et apoptose. In vivo, l’effet se diffuse aux cellules avoisinantes. On touche 10 à 15 % des cellules par la thérapie génique, mais l’étude montre que l’effet se diffuse.
Délivrance intratumorale.
Cette preuve de concept a amené aux essais de phase I. Une étude pilote a été conduite chez 22 patients souffrant d’un adénocarcinome du pancréas non résécable. Une délivrance intratumorale du vecteur chargé des gènes a été réalisée par voie transduodénale ou transgastrique.
Les résultats préliminaires sont encourageants. Ils font état de très bons résultats concernant la tolérance et la sécurité du produit composé du transporteur et des deux gènes. Une réponse partielle est obtenue dans 92 % des cas. Les marqueurs tumoraux (CA 19-9) se sont réduits chez 50 % des patients.
Une étude de phase II va être déposée et devrait débuter en 2013, dans plusieurs centres français : Montpellier, Marseille, Beaujon Clichy, IGR, Toulouse et Lyon ; 80 patients sont prévus, 40 dans chaque bras. L’administration des deux gènes sera comparée à la chimiothérapie seule. Les scientifiques sont actuellement à la recherche de financement. « En associant les gènes et la gemcitabine, on espère un effet plus important que la chimiothérapie seule. Sur un petit groupe de patients, on a un allongement de la survie. Si on arrive à avoir les mêmes résultats qu’avec la chirurgie, on évitera une chirurgie lourde et source de complications », explique au « Quotidien » le Pr Buscail.
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