Dans le psoriasis, l'inflammation chronique est associée à un certain nombre de comorbidités dont certaines sont probablement sous-estimées comme l’ostéoporose. Une étude a ainsi évalué l’association entre l’environnement inflammatoire chronique du psoriasis et la perte osseuse à partir de modèles murins. Dans ce modèle, il est montré que l’Interleukine IL-17, produite en excès et de façon chronique par les cellules inflammatoires, provoque une diminution de la formation osseuse par diminution de l’activité des ostéoblastes et ostéocytes. Le blocage de l'IL-17 réduit ces conséquences osseuses (1). À l’inverse, une autre étude a montré que l’IL-17, produite par une population lymphocytaire T de type gd est importante au cours de la phase aiguë de la réparation osseuse dans un modèle murin de fracture osseuse, pouvant ainsi par exemple expliquer l’excès d’os retrouvé au cours du rhumatisme psoriasique (2).
Prédisposition féminine
Partant du constat, bien connu, d’une prédisposition plus importante des femmes aux maladies auto-immunes, des chercheurs ont comparé l’expression de gènes dans la peau de femmes et d’hommes. Ils ont ainsi mis en évidence une différence de nombreux gènes entre les hommes et les femmes associés au système immunitaire et ont identifié la voie VGLL3 (vestigial-like family member type 3) comme un régulateur du système immunitaire, pouvant en partie expliquer cette prédisposition des femmes aux maladies auto-immunes. Cette découverte permet ainsi d’imaginer de nouvelles pistes thérapeutiques (3).
Dans une autre étude, un modèle mathématique construit à partir de très nombreux prélèvements microbiologiques démontre que, contrairement aux microbiotes oral et intestinal qui évoluent de manière universelle, c’est-à-dire de façon identique d'une personne à l'autre, le microbiote cutané évolue de façon dépendante de l'hôte, ceci impliquant que toute tentative de modulation de ce microbiote cutané à visée thérapeutique doit être spécifique à chaque individu (4).
Restaurer l'élasticité
Concernant certaines innovations thérapeutiques, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont mis au point un dispositif cutané sous la forme d’une membrane en silicone qui a pour effet de restituer les propriétés élastiques de la peau, d’estomper les poches sous les yeux et d’améliorer l’hydratation cutanée. Ce dispositif pourrait également être utilisé afin de délivrer certains traitements à visée cutanée (5).
Lymphocytes T chimériques
Autre innovation, dans les maladies bulleuses auto-immunes comme le pemphigus associé à la production par des lymphocytes B d'auto-anticorps dirigés contre la desmogléine 3, des chercheurs ont construit des lymphocytes T chimériques qui présentent un récepteur contenant des antigènes de la desmogléine 3 couplés à un signal d’activation. Cette technique inspirée de l’oncologie permet aux lymphocytes T de reconnaître spécifiquement les lymphocytes B autoréactifs et de les détruire, ceci permettant d'espérer des traitements plus efficaces et mieux tolérés que le rituximab, un anticorps monoclonal dirigé contre le CD20 exprimé par les lymphocytes B, entraînant une déplétion complète du contingent cellulaire B (6).
Un convertisseur de cytokine
Enfin, peut-être sera-t-il possible un jour d'éviter aux personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de prendre des traitements au long cours. Une équipe a réussi à développer un dispositif à partir de cellules embryonnaires de rein humain, un « convertisseur de cytokines ». Lorsqu'il est activé par la présence concomitante de TNF-alpha et d'IL-22, deux marqueurs du psoriasis, ce convertisseur produit de l’IL-4 et de l’IL-10, deux cytokines anti-inflammatoires, qui permettent de contrôler la maladie. Cet effet a été confirmé dans un modèle murin, après implantation dans le péritoine. Une fois la maladie en rémission, le convertisseur se met au repos et ne peut être activé par la production isolée de TNF-alpha ou d'IL-22 (7).
CHU de Bordeaux, INSERM U1035, université de Bordeaux
(1) Uluckan O et al. Sci Transl Med 2016;8(330):330ra37
(2) Ono T et al. Nat Commun 2016;7:10928
(3) Liang Y et al. Nat Immunol 2017;18:152-60
(4) Bashan A et al. Nature 2016;534:259-62
(5) Yu B et al. Nat Mater 2016;15: 911-8
(6) Ellebrecht CT et al. Science 2016;353:179-84
(7) Schukur L et al. Sci Transl Med 2015;7:318ra201
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