PRÉDISPOSITION pour apprendre à lire et à écrire, meilleure aptitude pour l’empathie et l’écoute, moindre tendance à la prise de risque chez les filles, meilleure habilité en maths et dans les sports de compétition, penchant pour l’agressivité et plus grande ambition chez les garçons, autant de caractéristiques de genre largement discutées depuis de nombreuses années et parfaits ingrédients pour des débats idéologiques sans fin. Mais non sans conséquence sur l’éducation et la mixité scolaire, aux États-Unis en tout cas. Pour Lise Eliot, maître de conférence en neurosciences à l’université Rosalind-Franklin de Chicago, des différences biologiques minimes existent à la naissance mais leur développement progressif et principalement le fait de l’apprentissage. Reprenant les données disponibles des neurosciences, l’universitaire américaine démonte un à un les clichés et les certitudes.
Une question de plasticité cérébrale
Focalisation sur les extrêmes qui renforcent les hypothèses que l’on cherche à démontrer, études d’imagerie exclusivement réalisées sur des cerveaux adultes (la fameuse différence du corps calleux), effectifs minimes d’analyses cérébrales chez les nouveau-nés sont autant de chausse-trapes dont nos commentateurs plus ou moins scientifiques en quête de conclusions simplistes ne se sont pas méfiés, analyse Lise Eliot. Ajoutons à cela une pointe d’idéologie, un soupçon d’imprudence et l’exigence de la vulgarisation scientifique : voilà toutes les conditions remplies pour mettre dans nos esprits classificateurs d’immenses gouffres à la « Mars et Vénus ». Tapis rouge pour les marchands, qui n’ont plus qu’à surfer sur la vague du rose et du bleu.
S’il existe bel et bien quelques différences innées entre les sexes dans le rythme de développement des petites filles et des petits garçons, dans leurs processus sensoriels, dans leurs niveaux d’activité, dans leurs besoins d’activité motrice, les disparités des aptitudes cognitives, psychomotrices et interpersonnelles entre hommes et femmes adultes sont largement façonnées par l’apprentissage, générateur d’interactions épigénétiques. Autrement dit, grandir dans la peau d’un garçon ou dans celle d’une fille est très comparable au fait d’être plongé dès la naissance dans un environnement linguistique x ou y, résume Lise Eliot. Plus les garçons et les filles auront des activités similaires, plus leurs cerveaux adultes seront similaires, affirme la neurobiologiste. C’est d’ailleurs pourquoi les différences cognitives et scolaires entre les deux sexes s’amenuisent dans nos sociétés, contrairement à celles qui concernent les loisirs et les relations interpersonnelles. L’apprentissage et la pratique refondent et consolident le câblage neuronal, explique Lise Eliot ; d’où ses conseils pour respecter les quelques spécificités de genre tout en offrant aux enfants les meilleures chances de développement.
La cause des garçons.
La culture masculine existe et elle va mal parce qu’elle est contestée dans son essence même. La société occidentale, en lui refusant toute spécificité, favorise la violence et les conflits entre hommes et femmes. Alors que les garçons, « ces créatures tribales », sont faits d’ une certaine façon et qu’« il faut les aborder comme des garçons », écrit Michael Gurian dans son dernier ouvrage. D’une façon différente de celle des filles, on l’aura compris.
Partant des mêmes caractéristiques de genre que celles observées par Lise Eliot, le psychologue, qui souligne depuis longtemps une certaine « maltraitance » des garçons dans nos sociétés féministes, mêle arguments anatomo-biologiques et sociétaux, psychologiques et historiques pour plaider la cause des garçons. Et la nécessaire et oubliée spécificité nécessaire à leur éducation. Son propos oscille entre conseils éducatifs de bon sens et critiques des féministes diabolisant la masculinité, plaidoyer pour un choix d’apprentissage « sexué » et rappels de la nécessaire égalité hommes/femmes, pour se terminer par une série de recommandations désarmantes de banalité.
Voici les conclusions de Michael Gurian sur les besoins des garçons : des parents qui les alimentent sur le plan affectif, un clan, une vie intérieure, un travail valorisant, des guides et des modèles, une connaissance des règles et les lois, la possibilité de vivre des aventures et d’avoir des amis, de jouer, d’avoir un rôle important dans la vie. Qui pourrait dire que cette liste ne s’applique pas aussi aux filles ?
Lise Eliot, « Cerveau rose, cerveau bleu - Les neurones ont ils un sexe ? », Robert Laffont, 500 p., 22 euros .
Michael Gurian, « Nos garçons - Mieux les comprendre pour mieux les élever », Albin Michel, 296 p., 18 euros.
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