Pour traiter tôt la mucopolysaccharidose de type 1

Arguments pour le dépistage néonatal de la MPS 1

Publié le 06/12/2010
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Crédit photo : PHANIE

« LES PERSONNES atteintes de mucopolysaccharidose de type 1 souffrent d’atteintes cardiaques, osseuses et cérébrales, en dépit des traitements. Notre recherche montre qu’avec une intervention précoce, ces pathologies peuvent être presque complètement prévenues » souligne dans un communiqué le Dr Patricia Dickson (Torrance, Californie), qui a co-dirigé cette recherche avec le Dr Matthew Ellinwood (Ames, Iowa). «Nous avons découvert que l’administration dès la naissance du traitement enzymatique substitutif permet d’améliorer considérablement l’évolution, un résultat qui devrait renforcer les efforts pour inclure la MPS 1 dans le dépistage déjà effectué sur chaque nouveau-né aux États-Unis.»

Surcharge lysosomale.

La mucopolysaccharidose de type 1 (MPS 1) est une maladie génétique qui concerne une naissance sur 100 000. Cette maladie de surcharge lysosomale est due à un déficit en alpha-L-iduronidase qui aboutit à l’accumulation anormale de mucopolysaccharides (ou glycoaminoglycanes) dans les lysosomes des cellules, donnant des cellules engorgées et dysfonctionnelles (cœur, os, cerveau, poumon, cornée, etc.).

Le diagnostic des formes sévères n’est réalisé, en moyenne, qu’à l’âge de 9 mois et demi (3 mois après le début des symptômes). De plus, les traitements actuels par greffe de cellules souches hématopoïétiques ou enzymothérapie substitutive ne peuvent empêcher une maladie résiduelle incluant une opacification de la cornée, des difformités squelettiques, une valvulopathie et des déficits cognitifs.

Dierenfeld et coll. ont recherché si un traitement dès la naissance ne pourrait pas empêcher les complications sérieuses de la maladie et prévenir la formation des anticorps visant l’enzyme recombinante.

Ils ont utilisé un modèle naturel de la MPS 1 chez le chien, très similaire à la maladie humaine. Les chiens ont été traités dès la naissance, pendant 56 à 81 semaines, par administration intraveineuse d’alpha-L-iduronidase, en comparant la dose hebdomadaire conventionnelle (0,58 mg/kg) à une dose plus élevée (1,57 mg/kg).

Majorer l’efficacité de l’enzymothérapie.

Les chercheurs montrent que l’association du traitement aussi précoce et d’une dose plus élevée permet de majorer l’efficacité de l’enzymothérapie. La seule pathologie qui n’est pas améliorée significativement est l’opacification de la cornée, probablement parce qu’elle est difficilement atteinte par le traitement IV.

Ainsi, à la différence des résultats observés jusqu’ici chez les animaux, ou chez les patients traités à un âge plus avance, les chiens ne développent pas de réponse par anticorps contre la thérapie enzymatique, grâce à une tolérance immune néonatale.

La dose plus élevée de l’enzyme se montre supérieure, permettant de complètement normaliser les réserves lysosomales dans le foie, la rate, les poumons, les reins, la synoviale et le myocarde, ainsi que dans la valve mitrale si difficile à traiter. La biochimie et la fonction cardiaque sont restaurées. Les anomalies squelettiques et articulaires sont nettement réduites.

Traitement combiné intraveineux et intrathécal.

Dans le cerveau, le traitement précoce, avec ou sans injection intrathécale d’alpha-L-iduronidase recombinante, entraîne une réduction ou une normalisation du taux de mucopolysaccharides. Les données histopathologiques montrent la supériorité du traitement combiné intraveineux et intrathécal par rapport à la voie IV seule. Il permet de prévenir l’accumulation corticale de mucopolysaccharides et de réduire les lipides stockés dans les neurones. Ces résultats prometteurs plaident donc pour un début de traitement le plus précoce possible.

Il existe déjà une méthode fiable de dépistage néonatal de la MPS 1 (et de la MPS 2), qui utilise la spectrométrie de masse en tandem pour mesurer l’activité de l’enzyme à partir d’un échantillon sanguin prélevé sur du papier buvard.

« Il sera bientôt possible d’ajouter ce test au dépistage néonatal qui est déjà effectué dans les hôpitaux américains pour identifier les autres maladies génétiques. Tandis que la MPS I est elle-même rare, notre étude suggère que le traitement précoce pourrait procurer un bénéfice important pour le groupe des maladies de surcharge lysosomale qui, considérées ensembles, affectent une naissance sur 5 000 », conclut le Dr Dickson.

Science Translational Medicine, 1er décembre 2010.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8870