En 1921 Buchanan décrit des accès de douleurs abdominales sans céphalée chez des enfants avec antécédents familiaux de migraine. L’appellation « migraine abdominale » est proposée par Brams en 1922 (JAMA 1922, 78:26-7A), celle de « syndromes périodiques de l’enfance » par Wyllie et Schlesinger en 1933.
Les syndromes périodiques de l’enfance sont des « équivalents migraineux » centrés sur un symptôme prédominant différent de la céphalée (douleur abdominale, torticolis, vertige paroxystique, vomissements). Ils ont été particulièrement étudiés par des neuropédiatres de l’Université d’Aberdeen (Ecosse), qui ont proposé des critères diagnostiques pour la MA en 2001 (Critères de Dignan). Ce sont les mêmes neuropédiatres qui ont œuvré pour l’insertion des syndromes périodiques de l’enfance dans la 2e classification internationale des céphalées publiée en 2004 (ICHD-II). La terminologie évolue en 2013 (ICHD-3 bêta) vers celle de « syndromes périodiques susceptibles d’être associés à la migraine », sans référence à l’âge, puisque les syndromes périodiques concernent aussi l’adulte chez qui ils sont encore plus méconnus des médecins.
Critères diagnostiques
Devant une douleur abdominale récurrente de l’enfant, après avoir éliminé un trouble digestif organique (défense, douleur de la fosse iliaque droite, fièvre, rectorragies, perte de poids etc.), comment différencier une douleur abdominale fonctionnelle banale d’une migraine abdominale ? Les critères diagnostiques des organisations internationales (ICHD-3 et Rome) divergent sur la présence de céphalées (elles excluent le diagnostic dans l’ICHD-3, mais pas dans les critères de Rome où elles peuvent être critère d’appoint). Le Dr Cuvellier privilégie pour ce diagnostic les critères de Dignan (2001), plus pragmatiques (Dignan et al. Arch Dis Child; 84: 415-18). Il insiste sur « La sévérité des douleurs abdominales (centrées sur l’ombilic ou mal localisées) qui durent au moins une heure avec un retentissement fonctionnel important, leur association fréquente à des signes neuro-végétatifs (pâleur, flush facial), la résolution complète entre les crises, et enfin l’importance de savoir écouter le ressenti de l‘enfant et de se fier aux capacités d’observation des parents ». Plaident en faveur du diagnostic, les antécédents familiaux de migraine et l’évolution : disparition du syndrome, rares cas de passage d’un syndrome périodique à un autre, évolution vers une forme « classique » de migraine dans environ 50 % des cas (migraine sans et/ou avec aura). « Les vomissements sont absents (ou au deuxième plan) dans la migraine abdominale alors qu’ils sont au premier plan dans le syndrome des vomissements cycliques et "immanquables" en raison de leur fréquence (au moins 4 par heure selon l’ICHD-3, souvent bien plus dans les faits, plusieurs dizaines par heure) », précise le spécialiste.
L’hygiène de vie
Le traitement, essentiellement non médicamenteux, repose sur l’hygiène de vie la plus équilibrée possible (alimentation équilibrée, bonne hygiène de sommeil, pratique d’une activité physique, limitation des facteurs de stress). L’équipe d’Aberdeen hospitalise les enfants souffrant de crises fréquentes pour identifier de possibles facteurs déclenchants alimentaires (pickles, glutamate mono-sodique, conserves…) et les exclure de l’alimentation. « Si un aliment semble déclencher les crises, l’exclure quelques semaines et voir l’effet éventuel », est parfois judicieux selon le Dr Cuvellier. Dans le traitement médicamenteux, la médecine fondée sur les preuves manque, que ce soit pour les médicaments de crise (paracétamol, ibuprofène, triptans - sumatriptan spray nasal, actif dans 50 % des cas) ou les traitements préventifs : propranolol (1 à 3 mg/kg/j), cyproheptadine (0,3 mg/kg/j), flunarizine (7,5 mg/j), pizotifène (0,5 à 1,5 mg/j).
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