Le mirikizumab (laboratoire Lilly), cet antagoniste de l’interleukine (IL) 23 p19, est une option thérapeutique supplémentaire de la rectocolite hémorragique (RCH), à côté des traitements actuels existants, en cas de réponse insuffisante.
La biothérapie a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européen fin mai 2023 et sera prochainement évaluée par la Haute Autorité de santé (HAS). Elle sera disponible au Japon le 21 juin et est en cours d’étude aux États-Unis.
L'AMM repose sur deux essais de phase 3 randomisés en double aveugle et contrôlés versus placebo, les études Lucent. Lucent-1 a évalué le mirikizumab chez 1 162 patients porteurs d’une RCH active à modérée, avec perte de réponse aux autres traitements. Le médicament (300 mg) ou un placebo ont été administrés par voie intraveineuse toutes les quatre semaines pendant 12 semaines.
Lucent-2 visait à évaluer l’efficacité et la tolérance du mirikizumab chez des patients adultes atteints de RCH active modérée à sévère, ayant obtenu une réponse clinique à la semaine 12 dans Lucent-1. Ces patients (544) ont été à nouveau randomisés pour recevoir 200 mg de mirikizumab par voie sous-cutanée ou un placebo toutes les quatre semaines pendant 40 semaines supplémentaires.
Rémission clinique à un an
« Lors de ces études, le mirikizumab a démontré son efficacité sur le critère principal de la rémission clinique aux semaines 12 et 52, ainsi que sur les critères secondaires majeurs », explique le Pr Xavier Roblin, gastroentérologue au CHU de Saint-Étienne. Ont ainsi été observées une amélioration cliniquement significative de la rémission clinique, de la rémission clinique sans corticostéroïde à la semaine 52 et de la réponse clinique, mais aussi une amélioration endoscopique et des besoins impérieux. En outre, le profil de sécurité est favorable et comparable au profil de tolérance des autres anti-IL 23 p19 disponibles dans les maladies inflammatoires.
Quelque 150 000 personnes sont atteintes de RCH en France, dont 75 % rapportant une qualité de vie altérée. En Europe occidentale et aux États-Unis, il y aurait chaque année, entre six à huit nouveaux cas pour 100 000 habitants. La cause reste inconnue, même si des facteurs environnementaux, génétiques, hormonaux ou liés au microbiote intestinal sont identifiés.
« La qualité de vie des patients peut être très dégradée par la maladie, rappelle le Pr Laurent Peyrin-Biroulet de l'institut des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (Mici) au CHRU Nancy. Près de 80 % des patients souffrent ainsi de besoins impérieux d’aller à la selle et 50 % indiquent ne survenue au moins une fois par jour, voire plusieurs fois par jour en période de poussée. »
Le médicament de première intention est la mésalazine. En cas d’échec, c'est la corticothérapie par voie orale ou topique. Lorsque ces traitements sont insuffisants, il est possible d’avoir recours à des immunosuppresseurs de la famille des thiopurines. La ciclosporine en cure courte dans les formes graves peut être utilisée.
En cas d’amélioration insuffisante, des biothérapies sont envisagées (anti-TNF alpha, anti-IL 12/IL 23, inhibiteurs de JAK). L’ablation chirurgicale du côlon et du rectum est envisagée dans les formes très sévères en dernier recours.
D’après une conférence de presse Lilly
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?