« Aujourd’hui, un des grands enjeux de notre spécialité est l’amélioration des pratiques. Pour y parvenir, il est clair que nous allons pouvoir de plus en plus miser sur les outils du numérique et de l’intelligence artificielle, en particulier pour la coloscopie », souligne le Dr Patrick Delasalle, président du CNP-HGE.
Une spécialité à la pointe des technologies numériques
Ces nouvelles technologies sont désormais au cœur de très nombreux essais. « Au niveau mondial, environ 15 % des essais sur l’intelligence artificielle concernent la gastroentérologie, principalement au niveau de la coloscopie et la détection des polypes. D’abord, il y a certains logiciels qui permettent de dire si la préparation à la coloscopie est de bonne qualité. D’autres logiciels calculent si le taux de complétude de surface du colon à analyser est proche de 100 %. Enfin, il y a bien sûr les systèmes d’aide à la détection des polypes avec notre gold standard de la qualité, c’est-à-dire le taux de détection des adénomes (TDA) », indique le Dr Delasalle, en ajoutant qu’il existe aussi des outils d’intelligence artificielle pour la caractérisation des polypes.
Mais la coloscopie n’est pas la seule à être concernée par l’essor du numérique. « Il existe aussi des logiciels qui sont à l’essai pour améliorer la qualité des gastroscopies, pour aider au diagnostic au niveau de l’œsophage et favoriser la détection des cancers superficiels de l’œsophage. Il y a également des outils d’aide à la décision chirurgicale dans les carcinomes hépatocellulaires », indique le Dr Delasalle.
Des bases de données nécessaires
Un autre enjeu est le développement d’outils d’aide à la décision clinique. « Je suis en relation avec plusieurs chercheurs qui travaillent sur ce sujet. Mais là, la clef pour avoir une intelligence artificielle efficace, c’est d’avoir des bases de données suffisantes et de très bonne qualité, souligne le président du CNP-HGE. En fait, pour l’instant, on se rend compte que l’intelligence artificielle est très performante à chaque fois qu’il faut des images. Pour le reste, il y a encore pas mal de progrès à faire », ajoute-t-il.
L'expertise humaine irremplaçable ?
Le développement de ces nouveaux outils soulève bien sûr de nombreuses questions juridiques et éthiques. « Aujourd’hui, il y a une obligation d’informer les patients si on a recours à ces outils. C’est une bonne chose même si c’est impossible d’expliquer avec précision comment fonctionne le deep-learning. Pour le reste, il ne faut pas s’inquiéter. Ces machines ne vont pas remplacer l’expertise humaine ni les gastroentérologues. On n’est pas près d’avoir une machine qui va monter un coloscope ou enlever des polypes. Ce sont juste des outils d’aide à la décision comme la radiologie ou la biologie », conclut le Dr Delasalle.
D’après un entretien avec Dr Patrick Delasalle, président du CNP-HGE
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