L’intérêt de la VCC (Pillcam® Colon 2) a été rapporté initialement par Eliakim et al (1) et confirmé par une étude européenne de Spada et al (2). La VCC a été comparée à la vidéo coloscopie chez des patients ayant une pathologie colique néoplasique connue ou suspectée. La sensibilité pour la détection de polype de plus de 6 mm était de 84 et 89 % avec une spécificité de 64 et 76 %. La sensibilité pour la détection de polype de plus de plus de 10 mm était de 88 % avec une spécificité de 89 à 95 %. L’examen du colon était complet chez 81 et 88 % des patients avec élimination naturelle de la capsule après 10 heures d’enregistrement. La préparation était jugée satisfaisante chez 78 et 81 % des patients.
Un travail multicentrique de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFED) (3) a évalué l’apport d’un examen par VCC (Pillcam® Colon 1 et 2) chez 97 patients contre indiqués ou en échec de coloscopie. L’examen du colon était complet chez 89 patients. L’apport diagnostique était de 37 % au total. Dans les indications de dépistage de tumeurs colorectales, le taux de détection de polypes, de plus de 6 mm ou en nombre supérieur à 3, était de 34,3 %. Dans les indications diagnostiques chez des patients symptomatiques, le taux de diagnostic utile était de 38,8 %. En intention de traiter, l’examen par VCC avait un rendement de 34,7 % et apparaît donc intéressant comparé au rendement estimé de la coloscopie virtuelle.
Une étude prospective menée par Spada et al (4), a comparé la Pillcam® Colon 2 à la coloscopie virtuelle après coloscopie incomplète. Le critère de jugement principal était le nombre de lésions manquées par la coloscopie incomplète. Les deux examens, VCC et coloscopie virtuelle, étaient réalisés le même jour et une nouvelle coloscopie était effectuée en cas de lésions significatives retrouvées à l’un au moins des examens. Les résultats montrent que 13 polypes significatifs ont été visualisés par la VCC seule (12/13 confirmés en coloscopie), 6 polypes l’ont été par les 2 techniques et enfin un seul par la coloscopie virtuelle seule (non retrouvé lors de la deuxième coloscopie). La VCC est supérieure à la coloscopie virtuelle pour la détection des polypes de plus de 6 mm (18 % versus 6 %), mais la différence n’est pas significative pour les polypes de plus de 10 mm.
Enfin, l’analyse rétrospective d’études de la Pillcam® Colon 2 a permis d’évaluer sa performance de dépistage des lésions planes (5). Parmi 27 polypes (15 plans type II et 12 sessiles type Is) vus en coloscopie, la VCC retrouvait 24 lésions sessiles et 1 lésion plane. L’analyse au cas par cas montrait que toutes les lésions type IIa en coloscopie étaient considérées sessile (type Is) en VCC. Cet examen paraît donc performant pour le diagnostic des lésions planes ou sessiles. La classification de Paris ne semble pas être adaptée à la VCC (absence d’insufflation)
Il n’existe pas actuellement d’éléments suffisants dans la littérature permettant de substituer la VCC à la vidéocoloscopie dans toutes ses indications diagnostiques.
Plusieurs situations médicales retenues par la SFED (6) et correspondant à des indications valides de la vidéocoloscopie selon les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) peuvent relever d’un examen par vidéocapsule colique :
1/ vidéocoloscopie incomplète, non liée à la présence d’une sténose organique colorectale ou un défaut de préparation (sauf en cas de prise incomplète du protocole de préparation par le patient).
2/ comorbidités sévères contre-indiquant la réalisation d’une vidéocoloscopie en raison notamment des risques et contre indications liés à l’anesthésie.
3/ refus de l’examen de vidéocoloscopie après information du patient des risques de ne pas réaliser de vidéocoloscopie et des limites de la VCC.
Au 1er avril 2014, 1 177 examens par VCC ont été réalisés dans le cadre de l’ONECC (7). Le recueil des résultats concernant les performances diagnostiques est partiel. Une analyse des pratiques et des résultats des coloscopies est en cours. L’examen par VCC a permis la détection de polypes chez 38,4 % des patients et de polypes dits significatifs ( 6 mm ou› 3 polypes) chez 20,4 % des patients. La préparation était laissée en choix libre sur les schémas recommandés lors des réunions de formation ONECC. La préparation était jugée bonne ou excellente chez 79 % des patients.
Les indications à discuter dans un avenir proche
La place de la VCC dans les stratégies de dépistage du cancer colorectal doit être discutée.
Dans une étude comparative prospective, Holleran et al. (8) ont montré que la VCC permettait une détection fiable et efficace des polypes et cancers colorectaux dans une population de patients positifs pour le test fécal immunologique. Il existait une bonne corrélation entre la VCC et la vidéocoloscopie. La valeur prédictive négative de la VCC était de 96 % pour la détection de lésion dite significative.
La participation aux campagnes de dépistage du cancer colorectal par Hémocult est insuffisante en France. L’un des freins pourrait être le recours systématique à la vidéocoloscopie en cas de test positif. Le recours à un examen alternatif (VCC ou coloscopie virtuelle) sera prochainement testé en France dans le cadre d’un essai concernant les 10 % de personnes avec test Hémocult positif qui ne viennent pas réaliser la coloscopie. La VCC pourrait, en théorie, être un filtre avant la vidéocoloscopie chez les patients présélectionnés par test fécal, sous réserve d’études coût-efficacité.
(1) Eliakim R et al Endoscopy 2 009 ; 41 : 1026-1031.
(2) Spada C et al Gastrointest Endosc. 2 011 ; 74 : 581-9.
(3)Pioche M. et al Endoscopy. 2 012 ; 44 : 911-6
(4) Spada C, et al United European Gastroenterology Journal 2 013 OP431.
(5) Spada C et al United European Gastroenterology Journal 2 013 OP432.
(6) de Leusse A et alActa Endosc 2 012 ; 42 : 9-12.
(7) Saurin JC et al Journée Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive 2 014 CO.01.
(8) Holleran G et al Endoscopy 2 014 ; 46 : 476-8.
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