Cholécystite aiguë lithiasique 

Les antibiotiques inutiles en post-opératoire

Publié le 18/12/2014
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Même dans les pathologies fréquentes et bénignes qui posent peu de problèmes en routine, la recherche est rarement superflue.

L’étude française multicentrique coordonnée par le Pr Jean-Marc Regimbeau du CHRU d’Amiens : elle apporte la preuve de l’inutilité des antibiotiques en postopératoire après cholécystectomie pour cholécystite aiguë lithiasique non grave (90 % des cas).

S’il existait des preuves de l’intérêt des antibiotiques en pré- et peropératoire, rien n’était validé pour la postcholécystectomie. Enlever le foyer infectieux pouvait changer la donne. Toute l’originalité de ce travail est d’avoir osé poser la question. « Pour faciliter les choses et obtenir des résultats rapidement, l’étude a été menée en ouvert et sans placebo. Ce sont ces principales limites, a concédé le Pr Regimbeau. Pour s’assurer que le critère principal a été bien évalué, 10 % des dossiers tirés au hasard ont été relus par 2 chirurgiens indépendants. Il n’y a eu désaccord que pour 2 cas seulement ». Entre mai 2010 et août 2012, l’étude publiée dans « JAMA » a inclus 414 patients de grade I (faible gravité) ou II (gravité modérée) selon la classification de Tokyo. Le taux d’infections dans les 4 semaines postopératoires était statistiquement identique dans le groupe non traité et dans celui ayant appliqué le protocole antibiotique pendant les 5 jours postopératoires (2 g d’amoxicilline + acide clavulanique 3 fois/jour). La sévérité des complications (score Clavien) s’est révélée comparable avec ou sans antibiotique.

Limiter la pression de sélection

Les avantages à abandonner l’antibiothérapie systématique sont nombreux. « Les pratiques se simplifient, mais ce n’est pas tout, a expliqué le chirurgien. Sur le plan infectieux, cette mesure diminue la pression de sélection bactérienne et limite l’émergence de résistances aux antibiotiques. Il y a moins d’effets secondaires liés à la prise d’antibiotiques, moins d’infections gynécologiques et surtout moins de colites pseudo-membraneuses à Clostridium difficile. D’où des coûts moindres avec des économies générées à la fois sur le médicament et sur les soins des complications. Un concept qui reste à faire accepter en pratique » indique le Pr Regimbeau.

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du Médecin: 9375