« SI NOS RÉSULTATS se confirment à grande échelle, il serait possible de faire un diagnostic de sévérité de la maladie de Parkinson du vivant du patient et d’ajuster le traitement et la prise en charge. » Ces résultats, qu’évoquent Pascal Derkinderen et son équipe de l’INSERM U 913 (Nantes), montrent pour la première fois une relation entre les lésions cérébrales de l’affection et une atteinte du système nerveux entérique. Par de simples biopsies digestives il deviendrait possible de mettre en évidence dans les neurones digestifs des anomalies reflétant précisément celles du système nerveux central.
Cette découverte est la conséquence à la fois d’un acquis récent et des travaux précédents de l’équipe. Un concept est apparu depuis peu. Il suggère que les neuropathies entériques s’étendent au-delà des affections digestives et qu’un sous-groupe d’atteintes du système nerveux central peut-être concomitant d’altérations du système nerveux entérique. Au nombre des neuropathies pourrait figurer la maladie de Parkinson. C’était justement l’objet des travaux antérieurs de l’équipe nantaise. Ils avaient mis en évidence, d’une part, que des biopsies coliques permettaient une analyse morphologique du plexus sous-muqueux et, d’autre part, chez 4 patients parkinsoniens (sur 5) la présence localement de neurites de Lewy. Rappelons que ces derniers, ainsi que les corps de Lewy, sont considérés comme les marqueurs, au niveau cérébral, de la maladie de Parkinson.
Lésions du plexus sous-muqueux.
L’objectif de l’étude publiée dans « PLoS ONE » était donc de découvrir s’il existe un lien entre la neurodégénérescence et des lésions du plexus sous-muqueux colique. Autrement dit la muqueuse colique est-elle le reflet de l’état cérébral ? L’équipe a enrôlé 29 sujets atteints de maladie de Parkinson et 10 témoins. Le déficit neurologique était évalué par une échelle reconnue, UPDRS III, et le questionnaire ROME III. Ensuite, 4 biopsies étaient réalisées sur les colons ascendant et descendant. Par analyse immunohistochimique ont été évalués : l’alpha synucléine phosphorylée, les neurofilaments NF 220kDa et la tyrosine hydroxylase.
Chez 21 des 29 sujets atteints (72 %), l’équipe a mis en évidence des neurites de Lewy. Aucun des témoins n’était concerné. De plus, il est apparu qu’un plus grand nombre des porteurs de neurites de Lewy était atteint de constipation (manifestation digestive associée au Parkinson). Il existait une forte corrélation entre la charge en neurites de Lewy et la sévérité de l’affection neurologique (ainsi qu’une diminution des neurones NF). Enfin, pour les auteurs, l’accessibilité et la reproductibilité d’analyse du système nerveux entérique in vivo fournit la possibilité de mettre au point un biomarqueur original de la maladie de Parkinson.
« Le système nerveux entérique peut être considéré non seulement comme le " second " cerveau mais aussi comme une fenêtre ouverte sur le " premier " cerveau, conclut l’équipe. Les neuropathies entériques résument les principaux aspects des affections neurologiques… Dans ce contexte rien d’étonnant à ce que les neurones entériques reflètent les altérations centrales des troubles neurodégénératifs. Il est possible que des études à venir puissent étendre ce concept à d’autres maladies neurodégénératives ; par exemple la présence d’agrégats de tau hyperphosphorylée… (chez le rat) suggère que des tauopathies telles que la maladie d’Alzheimer affectent aussi le système nerveux entérique. »
PLoS ONE, septembre 2010, vol 5, n° 9, e12728.
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