Le CHRU de Lille a présenté ce jeudi une première réalisée dans son service de chirurgie digestive : l’ablation de la rate en ambulatoire.
Trois patients ont été opérés de cette manière. Indiquée pour certaines formes de leucémie, de la maladie de Hodgkin, et certaines maladies orphelines auto-immunes, comme le « purpura thrombopénique », la splénectomie est pratiquée depuis plus de dix ans par coelioscopie. Trois incisions réalisées sur l’abdomen permettent d’extraire la rate, avec des suites opératoires beaucoup moins lourdes qu’avec une laparotomie : des douleurs moindres et un risque de complications plus faible. Cette intervention étant considérée comme un acte chirurgical à haut risque hémorragique, elle nécessite cependant une hospitalisation de trois à cinq jours, selon l’état général du patient.
Au CHRU de Lille, où 90 % des ablations de rate sont aujourd’hui pratiquées sous coelioscopie, les équipes de chirurgie digestive et de chirurgie ambulatoire ont décidé d’expérimenter des splénectomies en ambulatoire. Trois patients âgés de 40 à 50 ans ont ainsi été opérés depuis janvier 2016. Atteints de purpura thrombopénique, ils ont été admis à l’hôpital le matin de leur opération et sont ressortis le jour même. « Depuis dix ans que nous pratiquons l’ablation de la rate par voie coelioscopique, nous avons observé qu’elle occasionne peu de complications et facilite les suites opératoires par rapport à l’intervention par laparotomie. Nous avons donc jugé pertinent de réaliser cette intervention en ambulatoire », explique le Pr Philippe Zerbib, chirurgien digestif. « Cette technique opératoire a été rendue possible grâce aux progrès effectués en ambulatoire et à l’amélioration des protocoles d’anesthésie, ajoute le Dr Nadine Ruolt, anesthésiste et responsable du Centre ambulatoire du CHRU de Lille. L’environnement anesthésique est beaucoup plus confortable pour le chirurgien et le choix des drogues permet de prévenir les nausées et vomissements qui constituent l’une des complications de cette intervention. »
Bien accompagner le patient
Selon l’équipe lilloise, il n’existe pas de contre-indication à l’intervention en ambulatoire, mais celle-ci nécessite un bon accompagnement du patient, afin de bien traiter la douleur et les risques d’infection. Au cours de l’intervention, une infiltration de morphiniques est réalisée localement, avec un effet couvrant une période de 18 heures. Des antalgiques prennent le relais, accompagnés d’anti-inflammatoires. Le traitement comporte également la prise d’antibiotiques durant 2 ans et des vaccins visant à protéger de différents germes. « L’intervention en ambulatoire doit être parfaitement préparée, et le patient bien informé afin de limiter les risques post-opératoires. Il y a toute une éducation à faire, en raison des risques accrus d’infections et de thromboses », précise Nadine Ruolt. Les trois patients opérés à Lille au cours des derniers mois ne présentent aucune complication. L’étude lilloise va faire l’objet d’une publication dans la revue scientifique « Annals of Surgery » en novembre prochain.
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