Entretien avec le Pr Guillaume Chapentier*
« Aujourd’hui, on essaye de faire de la prévention chez des sujets de 45 ans, déjà en surpoids (prédiabétiques)... Mais, plutôt que travailler à retarder une évolution, à ce stade déjà enclenchée, ne vaudrait-il pas mieux intervenir plus en aval ? C’est l’idée de l’étude DESCENDANCE, destinée à identifier, précocement, les enfants à risque », explique le Pr Charpentier.
« Pour mémoire, le diabète de type 2 [DT2] n’est seulement une maladie de société. Tout le monde peut grossir, mais seule une minorité deviendra diabétique. Nombre d’obèses ne le sont pas. La prévalence du diabète varie d’ailleurs largement d’une ethnie à l’autre. Aux États-Unis, où une personne sur trois est obèse, la prévalence du diabète est respectivement de 8 % chez les blancs américains, 11 % chez les Afro-Américains, 15 % chez les Caribéens et atteint les 56 % chez les Indiens pima. Pourquoi ? Parce que le diabète de type 2, même si sa pénétrance [hérédité] n’est pas de 100 %, est avant tout une maladie familiale, souligne le Pr Charpentier. À tel point que lorsqu’il y a un seul diabétique de type 2 dans une famille – qu’on ne retrouve pas d’autres cas – il faut s’interroger ».
« Nous sommes plusieurs aujourd’hui à penser qu’il serait très intéressant de prédire, précocement, chez les enfants, le niveau de risque. Le risque de diabète est autour de 30 % si l’on a un parent diabétique, de 70 % pour deux parents diabétiques. Mais comment identifier mieux l’enfant à risque ? C’est l’idée de l’étude DESCENDANCE – un programme unique de collecte de données génétiques au sein de famille – destiné à éclairer pourquoi dans une famille de diabétiques l’un des enfants va développer la maladie et pas son frère ou sa sœur », explique le Pr Charpentier.
DESCENDANCE va inclure 500 familles de diabétiques de type 2 sur deux générations. Chaque famille doit présenter un parent diabétique vivant plus un fils ou une fille diabétique ayant lui même un frère ou une sœur de plus de 35 ans non diabétique et présentant une hyperglycémie provoquée orale (HGPO) normale. Pour participer, un numéro vert : 0 800 300 341.
« Les premiers résultats sur les cinquante premières familles soulignent, s’il en était besoin, le caractère familial de la maladie. À notre grande surprise, 30 % de la fratrie supposée non diabétique d’un diabétique de type 2 présente une HGPO anormale. Le diabète de type 2 est donc une maladie très familiale avec un taux de pénétration peut-être encore plus important qu’on ne le pensait. La comparaison des frères et sœurs non diabétiques versus diabétiques devrait permettre de préciser les facteurs de prédisposition génétique. Et le poids des facteurs environnementaux ».
* CH Sud Francilien
E. Cosson. Premiers enseignements de l’étude DESCENDANCE : prévalence des dysglycémies méconnues chez des apparentés de diabétiques de type 2 sur deux générations. O4
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