DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE DIABÈTE de type 1 est une maladie auto-immune conduisant à la destruction des cellules bêta productrices d’insuline. Il est précédé d’une période asymptomatique durant laquelle des auto-anticorps associés au diabète apparaissent dans la circulation sanguine. Cinq types d’auto-anticorps sont prédictifs, et la présence d’au moins 2 d’entre eux signale un risque de 50 à 100 % de développer un diabète de type 1 dans les cinq à dix années à venir.
Les facteurs qui déclenchent l’auto-immunité restent à préciser. Il existe un terrain génétique prédisposant, et les efforts pour identifier les facteurs environnementaux placent en tête de liste l’alimentation et les micro-organismes (en particulier les virus).
Génétiquement prédisposés.
Dans une étude finlandaise (étude pilote TRIGR), Knip et coll. ont cherché à savoir si la composition du lait infantile administré aux nourrissons durant la petite enfance est associée à l’apparition d’auto-anticorps spécifiques des cellules bêta, lesquels à leur tour pourraient prédire le risque ultérieur de diabète de type 1.
L’étude randomisée, en double insu, porte sur 230 nourrissons génétiquement prédisposés au diabète de type 1, en raison de leur génotype HLA et d’une histoire familiale (au moins un membre de la famille affecté de diabète de type 1).
Ces nourrissons ont été randomisés de façon à recevoir durant les 6 à 8 premiers mois de la vie, en complément de l’allaitement maternel (lorsqu’une tétée n’était pas possible), soit une formule à hydrolyse très poussée de caséine (Nutramigen), soit une formule classique à base de lait de vache (témoin).
Les enfants ont été suivis jusqu’à l’âge de 10 ans, et l’on recueillait au moins un échantillon sérique pour la recherche des auto-anticorps. Une séroconversion pour les auto-anticorps constituait le principal point de l’étude ; cependant les chercheurs ont également noté le développement de diabète.
Le principal résultat de l’étude est que l’apparition d’au moins un auto-anticorps n’est observée que chez 17 % des bébés nourris par la formule d’hydrolysat de caséine contre 30 % des bébés nourris par la formule classique.
« Nous avons observé qu’une intervention alimentaire précoce diminue la fréquence des auto-anticorps associés au diabète de type 1, explique au " Quotidien " le Dr Mikeal Knip (Université d’Helsinki, Finlande).
Une analyse en intention de traiter ne montre pas de différence entre les deux groupes dans la fréquence du diabète clinique à l’âge de 10 ans. Cependant, sur les 7 participants affectés au groupe hydrolysat de caséine qui ont développé par la suite un diabète de type 1, 3 sont sortis de l’étude avant l’âge de 3 mois et n’ont jamais été exposés à la formule hydrolysat de caséine. En conséquence, dans une analyse par protocole, le risque de progression vers un diabète clinique de type 1 était 60 % plus faible (0,40) dans le groupe hydrolysat de caséine que dans le groupe témoin. Cette réduction du risque, bien que n’étant pas statistiquement significative en raison du faible nombre de participants, est de même grandeur que celle observée pour l’auto-immunité des cellules bêta. »
« Nos résultats indiquent qu’il est possible de réduire de manière simple et sûre le commencement du processus de la maladie diabétique chez les enfants à risque. C’est le premier exemple de prévention primaire efficace. Sur la base de nos observations, on peut recommander que les bébés nés dans des familles ayant un membre affecté du diabète de type 1 soient nourris avec une formule à hydrolyse très poussée », estime le Dr Knip.
Des résultats en 2013.
« Notre étude pilote soulève l’espoir qu’une prévention primaire permettra de réduire l’incidence du diabète de type 1, laquelle a considérablement augmenté ces trente à cinquante dernières années dans la majorité des pays développés, en particulier chez les jeunes enfants de moins de 5 ans. Nous avons déja débuté en 2002 une grande étude d’intervention (TRIGR) suffisamment puissante pour apporter une réponse probante à la question de savoir si un sevrage vers une formule à hydrolyse très poussée réduira la fréquence du diabète de type 1 chez les enfants à risque. L’essai, conduit dans 77 centres et 15 pays, a randomisé 2 160 participants et les premiers résultats seront disponibles en 2013. »
New England Journal of Medicine du 8 novembre 2010, Knip et coll., p. 1900.
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