Une étude menée en Israël visait à identifier les déterminants sociodémographiques, cliniques et biologiques liés à l’observance du traitement par le liraglutide chez les individus obèses (1).
Pour cela, une analyse rétrospective des sujets traités par liraglutide fortes dose (3 mg/sem) entre 2019 et 2022 a été conduite sur une période de suivi de six mois. Les mesures de l’IMC, les caractéristiques sociodémographiques, les données cliniques et biologiques et les dossiers de prescription du liraglutide ont été étudiés. L’observance du traitement a été évaluée à l’aide de la mesure de la proportion de jours couverts (PDC), une PDC ≥ 80 % indiquant une observance élevée.
Résultats, la population étudiée comprenait 1 890 participants, dont 78,1 % de femmes, avec un âge moyen 46 ± 12 ans et IMC moyen de 36 ± 5,4 kg/m2. À la fin de la période de suivi de six mois, 84,9 % des participants présentaient une faible observance du traitement par le liraglutide.
L’observance était meilleure l’âge avançant (OR = 1,013 [1,001-1,025] ; p = 0,04). Une perte de poids significative pendant le traitement accroissait aussi la probabilité d’une meilleure observance (IC [1,167-1,341] ; p < 0,001). Les individus ayant un meilleur statut socio-économique ont montré une meilleure observance (OR = 1,906 [1,091-3,328] ; p = 0,023) de même que les non-fumeurs (OR = 0,725 [0,528-0,996] ; p = 0,047).
Au total, seuls 15,1 % des participants à l’étude ont présenté une forte observance du traitement (PD ≥ 80 %) après six mois de suivi. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer des approches visant à améliorer l’observance du traitement au liraglutide - éducation thérapeutique et soutien dans les efforts pour atteindre et maintenir une perte de poids grâce à l’utilisation de ce médicament.
Loin des essais randomisés
Les données des essais randomisés très encadrés et la vraie vie diffèrent souvent drastiquement. De nombreuses études dans ce contexte réel ont constaté une faible adhésion, ou persistance, en somme la médiocre poursuite des traitements injectables - insuline et analogues du GLP1 chez les diabétiques.
Cela une donnée d’autant plus importante à prendre en compte qu’aujourd’hui foisonnent les résultats positifs des traitements des obésités, comme avec le semaglutide ou le liraglutide aux fortes doses. Il en va de même de leurs bénéfices cardiovasculaires : ils existent dans cette classe de médicament à condition que les injections soient poursuivies au moins deux à trois années.
Mais, dans la pratique, ces traitements sont souvent interrompus, faute d’accompagnement, d’approche éducative, mais aussi par suite d’effets indésirables, fréquents, et en l’absence du constat d’un bénéfice pondéral durable, chez un tiers à la moitié des patients.
Ce à quoi il faut ajouter les injections mal réalisées.
Donc l’enthousiasme — frisant l’exaltation de certains leaders doivent être un peu tempérés par ces réalités têtues. Il faut revenir aux fondamentaux du métier : comme pour l’insuline, la relation au patient, la vérification des gestes et de la bonne compréhension et acceptation des traitements reçus.
(1) Guy A, et al. Adherence to liraglutide among individuals with overweight and obesity: Patient characteristics and clinical measures. Diabetes Obes Metab. 2024 Jan 19
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