Près de la moitié de la population en France serait en surpoids, selon la cohorte Constances, une cohorte généraliste unique en France lancée en 2012, qui livre ses premières analyses dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH »).
Ce chiffre saisissant obtenu dans la tranche 30-69 ans, chez les 28 895 participants inclus dans la cohorte en 2013, confirme l'importance du surpoids en France, avec des chiffres d'obésité comparables à ceux de 2012 de la cohorte ObÉpi.
« La cohorte Constances est tout à fait unique, explique le Pr Marcel Goldberg, épidémiologiste émérite à l'université paris Descartes et INSERM, associé à la cohorte Constances depuis ses débuts. C'est une cohorte généraliste, représentative de la population cible, et qui couvre l'ensemble des déterminants de santé. Plus de 60 projets de recherche ont déjà démarré. »
Tour de taille, poids, TA en consultation
Lancée en 2012, portée par l'INSERM et par la Caisse nationale de l'Assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) sous la coordination de Marie Zins, directrice de l'unité INSERM « Cohortes en population », elle compte, en octobre 2016, plus de 115 000 participants âgés de 18 à 69 ans et prévoit d'en surveiller 200 000 à l'horizon 2018-2019.
Des sujets affiliés au régime général sont tirés au sort et invités par courrier à participer dans un des 22 centres d'examens de santé (CES) de l'Assurance-maladie répartis sur le sol national. « La grande force de Constances, ce sont ses données objectives très robustes, par rapport aux données déclaratives d'ObÉpi, par exemple », souligne le Pr Sébastien Czernichow, chef du service nutrition à l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP). Dans cette analyse de prévalence du surpoids et de l'obésité, poids, tour de taille et tension artérielle ont été mesurés de façon standardisée par des professionnels de santé.
L'analyse de Constances révèle que les hommes sont plus concernés que les femmes par le surpoids, défini par un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 25 et 29,9, avec respectivement 41,0 % et 25,3 %. Pour l'obésité globale (IMC ≥ 30), la prévalence est comparable chez les hommes et les femmes, respectivement 15,8 % et 15,6 %. Pour la prévalence de l'obésité abdominale de 48,5 % chez les femmes et de 41,6 % chez les hommes. « Les chiffres des hommes sont moins importants que dans ObÉPI », relève Sébastien Czernichow.
Le phénotype d'obésité métaboliquement saine (MHO) est très discuté par les scientifiques. Est-ce un état stable ou temporaire ? « C'est une question controversée à laquelle le suivi de Constances devrait apporter des réponses », explique le Pr Czernichow. Le phénotype MHO correspond à un IMC ≥ 30 et sans aucun des facteurs de risque concernant la triglycéridémie, la tension artérielle, la glycémie à jeun et le HDL cholestérol. Comme dans ObÉpi, les femmes obèses présentent davantage un phénotype MHO que leurs pairs masculins, avec respectivement une fréquence de 51,8 % et de 25,7 %.
Dans l'analyse par régions, il ressort que la prévalence de l'obésité est plus forte dans le Nord (25,6 %) la Meurthe-et-Moselle (22,9 %). A contrario, Paris est le département moins touché par l'obésité (10,7 %).
Appel à recrutement des jeunes
Concernant la tranche d'âge 16-30 ans non prise en compte dans l'analyse, Marcel Goldberg explique que la méthode de repondération ne pouvait pas être appliquée en raison d'un effectif trop faible à ce stade du recrutement. « Les participants sont moins buveurs, moins fumeurs, plus sportifs », détaille-t-il.
Si aujourd'hui « c'est la plus grosse cohorte de sujets jeunes avec environ 15 000 sujets âgés de 16 à 30 ans », il faut encore convaincre car « cela demande un peu d'investissement de participer ». Tous les ans, un questionnaire est envoyé et les participants sont invités tous les 5 ans à passer un examen de santé. Le suivi de cohorte est prévu pour du long terme sur plusieurs décennies. Il reste encore environ 85 000 sujets à recruter. Les volontaires peuvent se renseigner sur le site www.constances.fr ou en écrivant à contact@constances.fr.
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