Non, les statines n’aggravent pas les neuropathies diabétiques

Voilà des années que les effets de l’administration de statines sur la polyneuropathie diabétique (PND) sont débattus. Certains affirment qu’elles peuvent réduire le risque de PND en raison de leurs effets hypolipémiants et anti-inflammatoires, pendant que d’autres considèrent qu’elles sont associées à une neurotoxicité. 

Lors de la prise en charge du risque cardiovasculaire

Une équipe danoise (1) a identifié tous les patients de ce pays développant un diabète de type 2 (cas incidents de DT2), entre 2002 et 2016. Certains étaient déjà sous statines (« utilisateurs prévalents »), tandis que d’autres (les « nouveaux utilisateurs ») les ont initiées juste avant ou juste après (+/- 180 jours) la déclaration de leur diabète. Les incidents des DPN ont été enregistrés passé ce délai de 180 jours après le diabète.

La cohorte comprenait 59 255 nouveaux utilisateurs de statines (23 %), 75 528 utilisateurs prévalents (29 %) et 124 842 non-utilisateurs (48 %). La durée médiane du suivi était de 6,2 ans [3,4–9,6].                                                                

Le taux d’incidence des événements DPN pour 1 000 personnes-années était similaire chez les nouveaux utilisateurs (4,0 ; IC₉₅ [3,8–4,2]), les utilisateurs prévalents (3,8 ; IC₉₅ [3,6–3,9]) et les non-utilisateurs (3,8 ; IC₉₅ [3,7–4,0]) de statines. Les nouveaux utilisateurs présentaient un risque de DPN légèrement accru au cours de la première année (1,31 ; IC₉₅ [1,12–1,53]), qui a disparu après plus de deux ans de suivi. Les résultats étaient similaires dans les analyses d’appariement en cours de traitement, de score de propension et avec un ajustement supplémentaire pour les taux de lipides sanguins avant le traitement. Les auteurs concluent ainsi qu’il est peu probable que le traitement par statines accroisse ou réduise le risque de DPN chez les patients atteints de DT2, bien qu’un petit risque aigu transitoire ne puisse être exclu.

Au total, cette étude est la première à répondre à ce vieux débat, aux polémiques relatives à un des nombreux griefs faits aux statines, celui de favoriser ou d’aggraver la PND. Ici, dans de cadre de la prise en charge du RCV des sujets avec DT2. Cette très belle approche méthodologique, tant au plan quantitatif que qualitatif, font que ces résultats rassurants peuvent être pris au sérieux.

Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

(1) Frederik P. et al. Statin therapy and risk of polyneuropathy in type 2 diabetes: a danish cohort study. Diabetes Care 2020 Dec;43(12): 2945-52. https://doi.org/10.2337/dc20-1004