Chez 10 à 30 % des DT1

L’insulinorésistance en héritage

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Publié le 25/03/2019
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phénotypage

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Crédit photo : PHANIE

« C'est une prise de conscience relativement récente », souligne le Pr Bruno Vergès (CHU de Dijon). Certaines personnes diabétiques de type 1 (DT1) ont un phénotype qui les expose à un risque cardiovasculaire (RCV), voire de néphropathie, accru. Ces patients ont des antécédents familiaux de diabète de type 2 (DT2), une insulinorésistance, une prise de poids plus marquée et des facteurs de risque cardiovasculaire typiques du syndrome métabolique : cholestérol HDL bas, triglycérides élevés et pression artérielle augmentée. « Ce diabète qui voit double associe un DT1 et un patrimoine génétique d'insulinorésistance, résume le Pr Vergès. Ce phénotype particulier apparaît avec le temps et s'aggrave au fil des années. Il doit être reconnu afin de prendre en charge de façon plus étroite les patients concernés, qui pourraient représenter de 10 à 30 % des sujets DT1 ».

Il y a quelques années, l'étude DCCT avait démontré les bénéfices d'un traitement intensif du DT1 pour réduire le RCV. Or des données publiées récemment ont mis en évidence des signes de résistance hormonale chez les patients qui avaient pris le plus de poids pendant les premières années de l'étude et qui n'avaient in fine pas tiré avantage du traitement intensif (1).

L'existence de cette insulinorésistance ne remet pas en cause le choix de l'insulinothérapie, ni de ses modalités, mais fait poser la question de la place éventuelle des nouvelles classes d'antidiabétiques, analogues du GLP1 et inhibiteurs des SGLT2. « Les études réalisées jusqu'alors ont donné des résultats mitigés dans ce contexte. Mais peut-être faudrait-il faire de nouveaux essais dans ce sous-groupe de DT1 », interroge le Pr Vergès.

On attend donc beaucoup de la cohorte SFD-T1 (lire p. 20), mise en place par la Société francophone du diabète, qui va colliger une masse considérable d'informations pour expliquer notamment les mécanismes de l'augmentation du RCV dans le DT1. « Cette cohorte devrait ainsi permettre de mieux comprendre cette sous-population de patients », conclut le Pr Vergès.

Entretien avec le Pr Bruno Vergès (CHU de Dijon)
(1) Purnell JQ et al. Diabetes Care 2017;40:1756-62

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan Spécialiste