Pour Laurent Bauer, directeur du Comité départemental d’éducation pour la santé en Seine-Saint-Denis (CoDES93), seule une action globale peut être promotrice de santé à l’école. Organisme de formation associatif, le CoDES93 intervient sur le plan de la nutrition, des compétences psychosociales, etc., avec des activités de terrain auprès d’établissements scolaires (maternelle, primaire, collège, lycée et lycée professionnel) dans le 93 et en Île-de-France, mais aussi auprès de publics en insertion ou en réinsertion (prisons).
« Notre équipe compte des professionnels de santé publique (diététicien, addictologues, etc.) formés à l’éducation pour la santé. Nous intervenons toujours sur appel à projet, à la demande de l’Agence régionale de santé ou de la Région par exemple, mais nous n’avons pas de financement pérenne », explique Laurent Bauer. Toutes les interventions reposent sur des outils pédagogiques qui ont fait leurs preuves.
Des outils qui ont fait leurs preuves
« Pour bien faire, nous ne nous focalisons pas uniquement sur l’élève, mais aussi sur le corps enseignant, afin qu’il puisse par la suite développer des activités autour de l’éducation nutritionnelle et des activités physiques. Nous avons donc des sessions de formation pour les professeurs. Elles servent à développer leurs compétences nutritionnelles, autour de l’équilibre alimentaire par exemple. Nous leur expliquons également ce qui peut faire levier pour favoriser le changement de comportement de leurs élèves : comment les encourager à mieux manger, à la pratique d’une activité physique, etc. Tous les professeurs sont concernés, quelle que soit la matière qu’ils enseignent », explique Laurent Bauer.
Sont également proposées des interventions et des ateliers à destination des parents, afin que les élèves reçoivent les mêmes recommandations et les mêmes repères de l’ensemble de leur entourage. Ces interventions multipublic sont essentielles pour éviter que les élèves reçoivent des messages contradictoires de la part de leur entourage, ce qui est une source d’échec.
L’idée de l’école promotrice de santé est même d’aller encore plus loin, en intervenant auprès de la restauration scolaire pour que l’offre alimentaire soit pensée pour être équilibrée et donc qu’il y ait également de la cohérence de ce côté (et pourquoi pas mobiliser le périscolaire, en proposant des collations équilibrées et des activités physiques).
Jamais à court d’idées innovantes, le CoDES93 participe à une prochaine expérimentation en mars : « nous allons débuter un programme dans deux collèges du 93, pour former des collégiens qui deviendront ambassadeurs santé auprès de leurs camarades », détaille Laurent Bauer.
Des obstacles liés à la précarité
La clé est donc de mener des actions multipublic à l’aide d’outils ayant fait leurs preuves, même si ces programmes larges et efficaces souffrent d’un manque de financement pérenne. « Mais l’un de nos plus gros obstacles reste la précarité des familles, car le poids des soucis fait que leurs priorités vont d’abord au quotidien (se loger, faire de longs trajets de transport, etc.). Dans un contexte difficile, l’activité physique peut être perçue comme secondaire, surtout dans certaines villes très bétonnées. Et l’accessibilité des produits corrects – fruits et légumes – reste un frein. Il nous faut donc adapter nos programmes pour les rendre appropriables par un public en grande précarité. On retrouve enfin bien souvent un manque de confiance en soi sur lequel nous travaillons – nous avons les outils pour – afin que ce public se sente en capacité d’agir et de dépasser ses obstacles », témoigne Laurent Bauer.
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