« Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition »

Le nouveau DES est désormais sur les rails

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Publié le 17/03/2020
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Le Pr Gérald Raverot dresse un bilan positif de la mise en place, en 2017 du DES « Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition » (EDN), avec toutefois des réserves sur le nombre de postes désormais ouverts.
Les internes ne sont pas des "docteurs juniors"

Les internes ne sont pas des "docteurs juniors"
Crédit photo : phanie

C’est en 2021 que sortiront les premiers internes ayant validé le DES « Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition » (EDN) mis en place en 2017 dans le cadre de la réforme du 3e cycle. « Nous avons adapté notre maquette avec sérénité et cohérence. Il y a encore un certain nombre d’interrogations sur le déroulement de la quatrième et dernière année du DES. Mais dans l’ensemble, nous avons le sentiment que les choses se passent bien », indique le Pr Gérald Raverot (CHU de Lyon), président du Collège des Enseignants d'Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques.

La réforme du 3e cycle n’a pas modifié la durée maquette de la spécialité, qui est restée fixée à quatre ans. En revanche, un changement d’importance a eu lieu avec l’intégration du DESC de nutrition dans le DES. Ce qui a entraîné un changement de nom et une co-coordination du DES avec le Collège des Enseignants de Nutrition. Le DES d’endocrinologie, diabétologie et maladies métaboliques est ainsi devenu un DES d’« Endocrinologie, Diabétologie, Nutrition » (EDN). « L’intégration du DESC de nutrition s’est faite en bonne intelligence. Cela a juste un peu rigidifié la maquette. Désormais, il y a moins de souplesse pour que les internes puissent aller découvrir d’autres spécialités puisqu’ils ont les nouveaux items du DESC de nutrition à connaître mais cela a élargi leur champ de compétences. D’une certaine manière, on leur demande une maturité professionnelle plus précoce. Il faut qu’ils soient plus vite sur les bons rails », explique le Pr Raverot.

Le nouveau DES compte désormais trois phases. La première, la phase socle, d’une durée de 1 an, permet d’acquérir les compétences et les connaissances de base dans la spécialité. D’une durée de 2 ans, la phase d’approfondissement permet de renforcer les connaissances de base et d’approfondir ses compétences dans la spécialité. À l’issue de cette deuxième phase, l’interne doit avoir sa thèse. Et c’est en étant inscrit à l’Ordre des Médecins sur une liste spécifique que l’interne entame la phase de consolidation.

Une inquiétude sur la dernière phase d'apprentissage

Durant cette dernière année d’internat, il doit entrer en responsabilité de manière progressive. « C’est cette dernière phase sur laquelle subsiste encore un peu d’inconnues et d’inquiétudes chez certains internes. Il y a cette idée qu’ils seront alors des "docteurs juniors" alors qu’ils sont toujours en phase d’apprentissage. En fait, cela formalise ce qui était déjà fait durant la dernière année d’internat, puisque l’on ouvrait déjà des consultations aux internes et leur donnait davantage de responsabilités. Il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il leur manque encore un quart de leur formation. Durant cette quatrième année, ils ne peuvent pas être des médecins à part entière sinon, cela voudrait dire que l’on a réduit l’internat à trois ans. Ce qui n’est pas possible en raison de l’étendue des connaissances et compétences cliniques à acquérir dans notre spécialité », estime le Pr Raverot.

Il faut compenser le nombre de postes

Un point noir : la mise en place du nouveau DES s’est faite, selon lui, sans une nécessaire réflexion sur les besoins démographiques de la spécialité (lire p. 27). « Dans certaines régions, le nombre de médecins n’est clairement plus suffisant. Il faut prendre en compte le fait que chaque année, le DESC de nutrition apportait une couverture d’une trentaine de postes au niveau national. Cela n’a pas été compensé avec l’intégration du DESC dans notre maquette. Nous regrettons de ne toujours pas arriver à nous faire entendre sur ce point par les ministères. La prise en charge du diabète et de l’obésité doit être considérée comme une priorité de santé publique et il faut reconnaître le rôle essentiel que joue notre spécialité notamment dans le domaine de la prévention. Sans oublier la prise en charge des pathologies plus rares nécessitant un maillage plus étroit du territoire », souligne le Pr Raverot.

exergue : Il y a moins de souplesse pour que les internes puissent aller découvrir d’autres spécialités mais cela a élargi leur champ de compétences

Entretien avec le Pr Gérald Raverot (CHU de Lyon), président du Collège des enseignants d'endocrinologie, diabète et maladies métaboliques

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr