Première étude observationnelle prospective multicentrique française menée chez des patients diabétiques de type 2 âgés, de 70 ans ou plus, Gérodiab a été conduite sur une durée de cinq ans. Les résultats obtenus à l’inclusion de cette cohorte ont déjà fait l’objet de plusieurs publications (1,2). L’objectif principal de cette étude, qui portait sur la relation entre le niveau de l’HbA1c et la morbimortalité observée au cours de la période de suivi, a été présenté lors du congrès de la SFD en 2017. Au cours du congrès de Nantes qui s'ouvrira demain le 20 mars 2018, les données du suivi à 5 ans concernant l’évolution des complications cardiovasculaires vont être rapportées lors d’une communication orale (3).
La cohorte Gérodiab est constituée de 987 patients d’âge médian 77 ans, inclus consécutivement entre 2009 et 2010 dans 56 centres et suivis pendant 5 années. Ces patients présentaient un diabète de type 2 connu depuis au moins 1 an, avaient une autonomie conservée (score ADL ≥ 3 sur 6) et pouvaient être suivis en consultation durant 5 ans.
Les données individuelles, les paramètres cliniques et biologiques, les caractéristiques gériatriques et les complications du diabète ont été régulièrement enregistrés. La survie a été analysée à l'aide de la méthode Kaplan-Meier et des modèles de Cox multivariés.
Une cohorte unique chez les seniors
Au cours de ces 5 années de suivi, 207 décès (24 %) ont été rapportés. Seulement 97 patients ont été perdus de vue (9,8 % de la cohorte) et 29 sujets sont sortis volontairement de l’étude. Ces données sont conformes aux estimations initiales et comparables aux observations du DCCT et de l’UKPDS menées chez des sujets plus jeunes.
La prévalence des complications cardiovasculaires est passée de 47 % à l'inclusion à 67 % après 5 ans. Les complications les plus fréquentes étaient les maladies coronariennes (passant de 30 à 41 %), les maladies vasculaires des membres inférieurs (passant de 25 % à 35 %) et les accidents vasculaires cérébraux (passant de 15 % à 26 %). L'insuffisance cardiaque était initialement moins fréquente mais sa prévalence a doublé au cours du suivi, passant de 9 % à 20 %. La présence initiale d’une insuffisance cardiaque était fortement associée à la mortalité, de même que l’artériopathie des membres inférieurs, les amputations et les plaies des pieds. En revanche, le lien entre la coronaropathie ou la pathologie vasculaire cérébrale et la mortalité était plus faible.
[[asset:image:7390 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":["Evolution de la survie des patients de la cohorte G\u00e9rodiab selon la pr\u00e9sence initiale ou non d\u0027une insuffisance cardiaque"]}]]Mortalité doublée
Dans les modèles multivariés, l'insuffisance cardiaque constituait le paramètre explicatif le plus puissant de la mortalité (HR = 1,96 ; IC95 [1,45 – 2,64] ; p < 0,0001) et était responsable de 16,9 % des décès. La survie était également significativement associée à la qualité de l’équilibre glycémique, évaluée par l’HbA1c (HR = 1,76 ; IC95 [1,21 – 2,57] ; p < 0,0033).
Après les 5 ans de suivi, 3 patients sur 4 de la cohorte Gérodiab étaient encore en vie en dépit d’un âge relativement élevé au moment de l’inclusion. Même chez ces patients diabétiques âgés, la fréquence des complications cardiovasculaires augmentait de façon importante dans un temps relativement court et s’associait à une majoration de la mortalité. L’insuffisance cardiaque était la complication la plus impliquée dans la mortalité de ces patients.
L’étude Gérodiab comporte certes des limites, puisqu’elle concerne des patients diabétiques autonomes suivis en milieu spécialisé, qui ne représentent pas l'ensemble des malades diabétiques âgés. Elle apporte toutefois des informations importantes qui faisaient défaut en raison de l’absence d’étude prospective sur ce thème et souligne l’importance d’une prise en charge optimale de ces complications, comme chez les sujets plus jeunes.
* Service d’Endocrinologie. Hôpital Bégin, 69 avenue de Paris, 94 160 Saint-Mandé
** Service de Médecine Interne, de Gériatrie et de thérapeutique. CHU Saint-Julien de Rouen. 76 031 Rouen Cedex
*** Service d’Endocrinologie-Diabétologie. CHU de Grenoble. 38700 Grenoble
**** Service de Gérontologie, CHU de Bicêtre, 12 rue Séverine, 94276 Le Kremlin-Bicêtre cedex
***** Service d’Endocrinologie-Diabétologie. Hôpital médical de Villecresnes. 8 boulevard Richerand, 94440 Villecresnes.
Le financement de l’étude Gérodiab a été assuré par le laboratoire Novo Nordisk et le laboratoire Merck Sérono ainsi que par une bourse de la SFD et un PHRC national.
Les auteurs remercient tous les 163 investigateurs ainsi que la CRO Umanis pour la qualité et la constance de leur collaboration.
(1) Doucet J, Le Floch JP, Bauduceau B, Verny C; the SFD/SFGG Intergroup.Gérodiab: Glycaemic control and 5-year morbidity/mortality of type 2 diabetic patients aged 70 years and older: 1. Description of the population at inclusion. Diabetes Metab 2012;38:523-30.
(2) Bauduceau B, Doucet J, Le Floch JP, Verny C and the SFD / SFGG Intergroup. Cardiovascular events and Geriatric Scale Scores in Elderly (70 years-old and above) Type 2 Diabetic Patients at Inclusion in the Gérodiab Cohort.Diabetes Care 2014;37:304-11
(3) B. Bauduceau, J. P. Le Floch, C. Verny, J. Doucet, and the SFD/SFGG Intergroup.Cardiovascular Complications Over 5 Years, and Their Association With Survival in the Gérodiab Cohort of Elderly French Patients With Type 2 Diabetes. Diabetes Care 2018;41:1-7
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