Obésité et trouble du déficit d’attention

Le gène FTO régule le circuit dopaminergique

Publié le 04/07/2013
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« NOUS AVONS découvert que l’absence du gène FTO chez la souris altère le signal dopaminergique. Puisque le signal dopaminergique est un médiateur clé dans le contrôle du comportement associé à la récompense, et puisque les humains porteurs des variants du gène FTO sont prédisposés à l’obésité, ces résultats chez la souris soulèvent la possibilité que des altérations du gène FTO chez l’homme prédisposent à l’obésité en partie en altérant le comportement lié à la récompense alimentaire. Voici ce qu’il faudra examiner dans le futur », explique au « Quotidien » le Dr Jens Bruning (Institut Max Planck, Cologne, Allemagne).

En 2007, on a découvert que des variations d’un gène appelé FTO (pour FaT mass and Obesity associated), situées dans le premier intron du gène, étaient associées à l’obésité et à un indice de masse corporelle accru. Les individus homozygotes pour l’allèle « à risque » pèsent en moyenne 3 kg de plus que ceux portant l’allèle protecteur, et ils sont estimés a un milliard dans le monde, à travers les origines ethniques et les populations.

Ces variants ont depuis été associés à d’autres affections dont le trouble du déficit de l’attention (TDA).

Fonction biologique complexe.

FTO, qui a été caractérisée in vitro comme une enzyme déméthylase de l’ADN et ARN, est exprimée dans les tissus périphériques et le cerveau. Son expression est régulée par l’alimentation.

La fonction biologique complexe de FTO reste toutefois incertaine. Hess et coll. révèlent maintenant que l’inactivation du gène FTO chez la souris altère le signal dopaminergique des récepteurs D2 et D3 dans les neurones dompaninergiques du cerveau, et la réponse comportementale a la cocaïne. De plus, in vivo chez la souris, FTO agit comme une déméthylase de l’adénosine pour un sous-groupe d’ARNm important pour la transmission dopaminergique.

Ces résultats relient donc l’enzyme FTO au contrôle du signal dopaminergique par les récepteurs D2 et D3. Les futures études devront examiner si les individus porteurs de variations du gène FTO présentent des modifications des comportements liés au signal des récepteurs D2 et D3, et si cette fonction de FTO sous-tend également l’association entre les variations du gène FTO et le trouble du déficit de l’attention.

« Nature Neuroscience », Hess et coll., 30 juin 2013

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9256