Les allergies alimentaires, et notamment les allergies précoces et préoccupantes à l'arachide et/ou aux fruits à coque, sont de plus en plus fréquentes chez l'enfant. Les causes de cette augmentation ne sont pas complètement élucidées et probablement multifactorielles : mondialisation de l'alimentation avec consommation d'aliments à potentiel allergénique élevé, tels que l'arachide, les noix de cajou, le sésame, les kiwis, etc. ; industrialisation agro-alimentaire avec l'introduction de nombreux allergènes dans les aliments transformés ; retard à la diversification alimentaire proposé dans les années 2000, faisant rater la fenêtre d'opportunité ente 4 et 6 mois…
L'enfant atopique se sensibilise par voie cutanée bien avant la diversification, par le biais de l'exposition à ces différents allergènes dans l'environnement familial, par exemple lorsque les parents consomment eux-mêmes des noix de cajou ou des cacahuètes.
Avant l'âge de deux ans, l'œuf et le lait de vache sont les deux principaux aliments à l'origine de réactions anaphylactiques sévères. Puis jusqu'à 6 ans, la noix de cajou et la noisette dominent, tandis que l'arachide concerne toutes les tranches d'âge. Ces allergies alimentaires, en raison de la peur d'une réaction fatale et des contraintes liées à l'éviction, altèrent fortement la qualité de vie des enfants et de leur famille.
Éviter de devenir allergique ?
Plusieurs voies de prévention sont explorées et des études récentes ont mis en avant l'intérêt de l'introduction précoce des aliments à risque lors de la diversification.
L'étude Petit a montré, chez des enfants à risque (eczéma traité activement) que l'introduction d'œuf cuit à partir de l'âge de 6 mois, sous forme de poudre, permet de réduire de façon très nette le taux d'allergie à l'œuf à l'âge de 12 mois : 9 %, comparativement à 38 % dans le groupe placebo.
L'étude Leap a de son côté démontré l'intérêt de l'introduction précoce de l'arachide dans l'alimentation du nourrisson à haut risque allergique. Ce travail avait inclus 640 nourrissons ayant un eczéma modéré à sévère et/ou une allergie à l'œuf. Chez ceux ayant bénéficié d'une introduction précoce d'arachide (6 g de protéines par semaine en trois fois), le risque d'allergie à l'arachide à l'âge de 5 ans était réduit : 3 %, comparativement à 17 % dans le groupe éviction. Ces résultats sont à l'origine des recommandations américaines, qui préconisent une introduction de l'arachide entre 4 et 6 mois chez les enfants avec un eczéma sévère et/ou une allergie à l'œuf, après réalisation de tests cutanés ou dosage des IgE spécifiques et à l'âge de 6 mois en cas d'eczéma léger a modéré.
L'étude EAT a quant à elle porté sur plus de 1 000 nourrissons en population générale et exclusivement allaités. Ils ont été randomisés en deux groupes : diversification avec introduction de six aliments à risque (arachide, œuf cuit, lait de vache, sésame, poisson blanc et blé) dès l'âge de 3 mois ou poursuite de l'allaitement exclusif jusqu'à 6 mois. À l'âge de 3 ans, aucune différence n'a été observée sur le risque d'allergie à l'un ou plusieurs de ces 6 aliments (7,1 % vs 5,6 % dans le groupe placebo).
On attend les résultats de l'étude PreventAdall qui évalue, chez le nourrisson allaité en population générale, l'impact de l'introduction entre 3 et 4 mois d'arachide, de lait de vache, de blé et d'œuf sur la prévalence des allergies alimentaires entre 12 et 36 mois.
Le groupe Allergies alimentaires, de la Société française d'allergologie travaille à un projet de PHRC national d'immunothérapie préventive pour l'arachide, la noix de cajou et la noisette chez des nourrissons à risque atopique.
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