L’hyperparathyroïdie est la première cause d’hypercalcémie. Elle est secondaire à une hypersécrétion de parathormone par les glandes parathyroïdes.
On distingue trois phénotypes : l’HPT-1 hypercalcémique asymptomatique avec ou sans atteinte des organes cibles (forme la plus fréquente), l’hypercalcémique symptomatique et l’HPT 1 normocalcique.
L’HPT 1 est une pathologie fréquente avec une prévalence qui varie entre 0,2 et 1,3%. Sa prévalence est plus élevée chez les femmes et les personnes âgées de plus de 50 ans.
« Ainsi, l’HPT 1 doit être évoquée, du fait de sa fréquence, surtout chez la femme ménopausée (calcémie en routine, bilan étiologique d’ostéoporose) d’autant que sa prévalence tend à croitre du fait de l’allongement de l’espérance de vie. En dépit de cette fréquence, il n’y a pas d’indication à un dépistage systématique compte-tenu d’une morbi-mortalité faible et hétérogène » a déclaré la Dr Eugénie Koumakis.
Un diagnostic qui reste biologique
Son diagnostic est uniquement biologique. Il est porté devant une hypercalcémie (à jeun, vérifier les médicaments thiazidiques) associée à une PTH élevée sur le même prélèvement que la calcémie. Il est recommandé de répéter l’examen à au moins deux semaines d’intervalle et de compléter par la calciurie des 24 h (créatinine urinaire 24h, natriurie 24h).
Le principal diagnostic différentiel d’HPT est l’hypercalcémie hypocalciurie familiale (HHF). Il faut y penser en cas d’hypercalcémie chronique bien tolérée, de PTH inadaptée, et de calciurie normale basse. Il est recommandé de calculer la fraction d’excrétion du calcium urinaire des 24h : supérieur à 2%, cela permet d’affirmer le diagnostic d’HPT.
« L’imagerie parathyroïdienne a fait l’objet de progrès conséquents, mais elle ne fait pas partie du bilan diagnostique : elle est recommandée en cas de diagnostic confirmé avec indication opératoire. »
Le retentissement de l’HPT est principalement rénal et osseux.
« D’après une méta-analyse (Ejlsmark-Svensson, Osteoporosis Int 2021) Le risque de fracture vertébrale est multiplié par 4 dans les formes modérées et multiplié par 8 chez les femmes ménopausées avec PTH élevée vs groupe contrôle même sexe et âge. » a souligné la Dr Eugénie Koumakis.
La chirurgie : traitement de référence
Côté traitement, « les modalités thérapeutiques des HPT 1 sont en priorité chirurgicales en l’absence de contre-indication, après préparation à l’intervention afin d’opérer un patient stabilisé en dehors de toute crise hypercalcémique aiguë et après un bilan de localisation. » a expliqué le Pr Sébastien Gaujoux (Hôpital Pitié-Salpetrière APHP).
La chirurgie doit être proposée devant la présence ou l’apparition d’une ou plusieurs des conditions suivantes :
. fracture(s) osseuse(s) avérée(s) ou à basse énergie (chute de sa hauteur) ou T score < -2,5 DS sur l’ostéodensitomètrie à n’importe quel site (col fémoral, hanche, poignet, rachis)
. colique néphrétique avérée ou lithiases des voies excrétrices urinaires ou néphrocalcinose sur radiographie, échographie ou TDM
. débit de filtration glomérulaire ou clairance de la créatinine <
60 ml/mn/1,73m²
. calciurie des 24h > 6,25 mmol (250 mg/j femme) ou > 7 ,5 mmol/j ( 300 mg/j homme)
. calcium > 0,25 mmol/l (10mg/l) au-dessus de la valeur normale haute
. âge <50 ans de façon formelle, à adapter jusqu’à < 70 ans en fonction de l’espérance de vie/souhait du patient.
Chez le sujet âgé, lorsqu’un traitement médical est choisi, la prise en charge de l’ostéoporose par le rhumatologue est essentielle (biphosphonates, dénosumab, raloxifène, vitamine D…)
D’après les communications « Actualisation de la prise en charge de l’hyperparathyroïdie primitive » par la Dr Eugénie Koumakis (Hôpital Cochin, AP-HP) et « Approche médicochirurgicale dans l’hyperparathyroidïe primitive » par le Pr Sébastien Gaujoux (Hôpital Pitié-Salpetrière, AP-HP) lors de la 38ème journée scientifique du GRIO.
(1) www.sfendocrino.org/consensus-sfe-2024-hyperparathyroidie-primaire
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