Les sujets porteurs d’une schizophrénie ont un risque accru de diabète. Cela s’explique par une possible prédisposition génétique mais aussi grandement par un mode de vie à haut risque : sédentarité, prise de poids, troubles du comportement alimentaire, tabagisme, hygiène de vie. Troisième facteur important : les traitements antipsychotiques, qui accroissent le risque de diabète et de certaines décompensations (épisodes d’acidocétose ou d’hyperosmolarité). Or la situation psychiatrique des patients atteints de schizophrénie rend souvent les patients peu symptomatiques aux désordres métaboliques, avec des fonctions cognitives altérées, une apathie, etc., ce qui rend ces complications d’autant plus à risque élevé chez eux, avec des retards de prise en charge et une mortalité accrue.
Dernier facteur à prendre en compte : les patients schizophrènes bénéficient moins de soins de qualité que les sujets diabétiques non atteints de schizophrénie.
Des soins de moindre qualité
Une série Taïwanaise (1) vient de publier les résultats d’une étude portant sur 13 858 diabétiques avec schizophrénie (très majoritairement âgés de 30 à 60 ans et pour moitié des femmes) et 55 407 contrôles diabétiques sans schizophrénie, bien appariés, y compris sur un score de comorbidité de Charlson. Durant un suivi de 11 années (période 1999 à 2010) jusqu’à fin 2013, les événements hyperglycémiques ont été très significativement plus fréquents chez les diabétiques avec schizophrénie : en moyenne 2,16 fois plus que dans le groupe contrôle.
Cela fut constaté quels que soit l’âge et le sexe des sujets, et plus encore si le score de comorbidité était plus élevé. Cependant, le fait d’être traité de longue date par antipsychotiques semble atténuer « un peu » le risque de complications métaboliques. Celles-ci étant plus fréquentes à l’initiation du traitement. Peut-être faut-il y voir, d’abord, un effet bénéfique à long terme sur le comportement plus adapté du sujet à sa maladie « diabète », une meilleure intégration psychosociale et une meilleure autogestion.
Une situation délicate à gérer
Cette étude est intéressante pour une raison principale : la taille de la cohorte et la durée d’observation. Cependant, on n’est guère surpris par la gravité de la situation de ces diabétiques avec schizophrénie, sur la difficulté de les suivre et de sensibiliser suffisamment les psychiatres pour les inciter à collaborer avec le médecin généraliste et/ou les diabétologues.
Mais on aurait aimé que les antipsychotiques ne soient pas tous mis dans le même sac ! On sait, depuis plus d’une décennie, les effets métaboliques secondaires de certains d’entre eux, plus sévères et fréquents que d’autres. Il manque également des informations essentielles sur le statut diabétique, ancienneté, traitements, complications, IMC, etc. Les auteurs l’admettent bien volontiers.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Chen SF, Yang YC, Hsu CY, Shen YC. Risk of hyperglycaemic crisis episode indiabetic patients with schizophrenia: A nationwide population-based cohort study.Diabetes Metab. 2020 Feb;46(1):41-45. doi: 10.1016/j.diabet.2019.06.001
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024