L’ÉTUDE publiée dans « Fertility and Reproduction » (novembre) émane de l’équipe du Dr De-Kun Li (division de la recherche de Kaiser Permanente, Californie) et est la troisième d’une série sur les effets du BPA chez les humains. La première montrait qu’une exposition à de hauts niveaux de BPA sur le lieu de travail augmentait le risque de dysfonctionnements sexuels (« Human Reproduction », 10 novembre 2009), la deuxième qu’une augmentation du taux de BPA dans les urines est associée à une dégradation de la fonction sexuelle mâle (« Journal of Andrology », 13 mai 2010). Selon celle qui vient d’être publiée, qui utilise les données recueillies chez 514 ouvriers chinois, des teneurs élevées de BPA dans les urines multiplient par 3 le risque d’une baisse de la concentration du sperme et de sa vitalité et par plus de 2 celui d’une mobilité moindre des spermatozoïdes.
À travers la peau.
Les travaux de chercheurs de l’INRA de Toulouse (unité Xénobiotiques), publiés dans « Chemosphere » (édition en ligne avancée du 27 octobre), indiquent, quant à eux, que le BPA peut constituer un danger non seulement par sa présence dans les aliments mais aussi par contact, puisqu’il peut pénétrer l’organisme par la peau. Le BPA est en effet présent dans une grande part des papiers thermiques utilisés pour les petits terminaux d’impression (reçus de cartes de crédit, tickets de caisses, etc.).
Une équipe américaine avait rapporté en août dernier des niveaux résiduels de BPA plus importants dans l’organisme de caissières. Les chercheurs de l’INRA, en collaboration avec les Laboratoires Pierre Fabre, démontrent par des tests ex vivo sur des oreilles de porc, que le BPA traverse la barrière cutanée (les deux tiers de la dose déposée, quelle qu’elle soit). Les mêmes résultats sont obtenus avec des explants de peau humaine. Les chercheurs de l’INRA avaient déjà montré en 2009 que l’appareil digestif du rat est très sensible aux faibles doses de BPA et que l’exposition pré- et postnatale à la molécule peut fragiliser la fonction de barrière intestinale à l’âge adulte.
Ces travaux, souligne l’INRA, ouvrent de nouvelles perspectives dans l’évaluation du risque d’exposition aux perturbateurs endocriniens, et en particulier au BPA. Or, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a émis en septembre un avis rassurant, selon lequel aucune donnée ne conduisait à reconsidérer la dose journalière acceptable (0,05 µg/kg). Tandis que le Parlement français a interdit en juin les biberons au bisphenol A mais refusé d’aller plus loin, le gouvernement préférant reporter à 2011, « dans l’attente d’expertises robustes », le débat sur l’interdiction générale de ce composé chimique.
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