Le fœtus développe très tôt le sens de la gustation et de l’odorat. Le nouveau-né a ainsi déjà une certaine expérience des saveurs, ce qui vient orienter ses préférences alimentaires. L’oralité est fondatrice de l’être. « Dès la 12e semaine, le fœtus tête sa langue et déglutit. L’oralité est un marqueur qualitatif de la maturation corticale, de la fonction respiratoire, digestive et cardiaque. C’est aussi un marqueur d’attachement : la bouche est le point de départ des réflexes les plus élémentaires. Un lieu d’émergence du calme et de la sécurité dont l’enfant a besoin pour dormir », souligne Catherine Thibault (Paris), orthophoniste et psychologue.
Dès la position assise
Oralité alimentaire et verbale sont intimement liés. Quand le tout-petit apprend à s’asseoir, il utilise ses yeux en même temps que ses mains. Cette nouvelle posture influence la langue : l’enfant prend l’aliment et le porte à sa bouche. L’enfant autiste peut dès lors souffrir d’un trouble alimentaire pédiatrique (TAP), défini par une altération de l’absorption orale alimentaire, qui n’est pas appropriée à l’âge et qui est associée à des problèmes médicaux, nutritionnels, des compétences alimentaires et/ou à un dysfonctionnement psychosocial. Les symptômes varient selon l’enfant : agitation au moment des repas, pas de plaisir à manger, difficulté de la prise de liquides au biberon ou au sein, refus constant de certaines textures ou aliments, refus de la diversification…
Distinct de la néophobie alimentaire [lire p. 10] et du trouble du comportement alimentaire, le TAP peut être lié (ou pas) à une malformation de la sphère buccale, ou à un trouble cognitif. Il doit être diagnostiqué de façon précoce par une équipe pluridisciplinaire (médecin, orthophoniste, psychologue, ergothérapeute…). Environ 10 à 15 % des enfants de moins de trois ans en souffrent. « L’observation de la prise alimentaire est indispensable. Dans certains cas, lorsque l’enfant présente un handicap neuromoteur : par exemple, sa langue peut être rétractée, très en arrière », indique Catherine Thibault. Certains enfants n’ont pas conscience de leur bouche, ni de leur langue.
Créer des rituels et réassurer les patients
Hyper ou hypoactivité, fatigabilité, déficit de l’imitation et problèmes posturaux ne sont pas rares chez ceux qui présentent un trouble du spectre autistique. « Pour les accompagner en matière d’oralité (alimentation, langage), il faut les aider à créer des rituels. Refaire les mêmes actes pour ne plus en avoir peur », assure Catherine Thibault. Les enfants autistes ont besoin de réassurance, de modèles. Manger en groupe peut les aider à apprendre en observant les autres. Cela peut également soutenir certains enfants pour sortir d’une certaine forme d’obsession alimentaire. « Il n’est pas rare de voir des enfants autistes éviter certaines couleurs ou manger des aliments d’une seule couleur. Le fait de manger avec eux peut les aider à sortir de ce type de TOC », note Catherine Thibault.
Quoi qu’il en soit, les anomalies de déglutition, de mastication, de ventilation doivent être repérées et traitées. Même chose concernant le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) et les troubles du sommeil. « Notre rôle est, par ailleurs, d’éduquer ces enfants au goût. L’éducation gnoso-praxique orale doit être effectuée le plus tôt possible. Nous devons nous adapter au rythme et aux besoins de chaque patient et toujours intervenir en partenariat avec la famille, en tenant compte de sa singularité et de son histoire », conclut Catherine Thibault.
Exergue : « L’éducation gnoso-praxique orale est essentielle »
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