En 2017, l’Igas alertait sur la nécessité d’organiser l’offre de chirurgie bariatrique en améliorant sa pertinence, la sécurité et la qualité des soins ; elle recommandait d’aller au-devant des personnes « perdues de vue », de soutenir la mise en place d’un suivi pré- et postopératoire effectif. Depuis trois ans, les choses ont beaucoup progressé.
Pour rappel, les deux techniques les plus couramment pratiquées, la sleeve et le bypass, ont des résultats impressionnants : une perte de poids de 25 à 30 % maintenue après 5 à 10 ans, la réduction des complications microvasculaires (— 74 %), macrovasculaires (— 48 %), de la mortalité du diabète (— 79 %) et de l’incidence des cancers à 10 ans (— 33 %), en particulier de ceux du sein, de l’endomètre et du côlon, trois cancers très fréquents chez les personnes obèses.
La feuille de route obésité 2019-2022, mise en place par la DGOS, la DGS, la Cnam et la HAS (1) suite au rapport de l’Igas, propose d’augmenter la pertinence de la chirurgie et le suivi des personnes, par sept actions spécifiques, parmi lesquelles : informer le patient de la nécessité d’une période de préparation avant chirurgie et d’un suivi postopératoire à vie (et de le rendre effectif) ; renforcer le rôle d’appui des centres spécialisés de l’obésité (lire aussi p. 24) ; actualiser les recommandations, en particulier chez les seniors, et concernant la chirurgie métabolique.
Deux expérimentations pour la préparation et le suivi des opérés, Baria-UP au niveau national et Paco en région Paca, sont en cours sur la base de l’article 51, dérogatoire au financement habituel. Si elles sont concluantes, leurs modalités pourraient devenir accessibles au droit commun.
Les recommandations s’affinent
Le groupe Baria-mat (2) propose des recommandations au sujet de la grossesse après chirurgie bariatrique. Environ 25 % des femmes opérées seront enceintes par la suite. L’opération fait diminuer la prévalence du diabète gestationnel et de l’HTA gravidique, en revanche elle augmente de 30 % le taux de prématurité et double celui de petit poids pour l’âge gestationnel, avec des carences de la mère et de l’enfant. C’est pourquoi il est préconisé une prise de poids optimale, des supplémentations spécifiques, des dosages systématiques, le dépistage des dysglycémies, et une surveillance obstétricale renforcée.
Enfin, un consensus d’experts a clarifié les recommandations pour la supplémentation vitaminique et en oligoéléments (3). Tous les opérés, hommes et femmes, doivent en bénéficier pendant la phase de perte de poids. Les bilans sont réalisés à vie, une à deux fois par an la première année.
CHU et CIO de Toulouse
(1) DGOS-DGS-CNAM (contribution HAS). Feuille de route « prise en charge des personnes en situation d’obésité » 2019-2022
(2) Ciangura C et al. MmM 2019. 8(13):691-702
(3) Quillot D et al. J Visc Surg. 2021 Feb;158(1):51-61
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