Le syndrome du canal carpien idiopathique est le syndrome canalaire du membre supérieur le plus fréquent. L'indication chirurgicale est portée en cas d'échec du traitement médical (port d’une attelle et infiltrations) ou dans les formes sévères (aggravation rapide, déficit sensitivomoteur).
Depuis 30 ans, l'évolution des techniques chirurgicales s'est faite progressivement vers une réduction de la taille de la voie d'abord, paramètre associé à la rapidité de la reprise : chirurgie à ciel ouvert, chirurgie mini-open, chirurgie endoscopique. La cicatrice est ainsi passée de 6 - 8 cm à 15 mm avec l'endoscopie. Entre des mains expertes, les complications, un peu plus fréquentes avec l'endoscopie du fait de la vision limitée, restent exceptionnelles. Les suites sont simples, avec un arrêt de l'ordre de 15 jours à 3 semaines et des résultats à long terme comparables quelle que soit la technique.
Mini-invasivité et sécurité
Les progrès majeurs de l'échographie, devenue un véritable outil diagnostique qui pourrait remplacer pour certains l'électromyogramme, permettant le guidage de nombreux gestes thérapeutiques ont conduit à développer l'échochirurgie du canal carpien. "L'écho-chirurgie c’est la rencontre entre la chirurgie et la radiologie interventionnelle, spécialité à l’origine de nombreux traitements mini-invasifs", rappelle le Dr David Petrover. « L’écho-chirurgie permet de combiner les avantages des différentes techniques chirurgicales : mini-invasivité comme pour l’endoscopie mais avec une ouverture dix fois plus petite ; sécurité, comme la chirurgie à ciel ouvert, mais sans ouvrir grâce à la vision qu’offre l’ échographie. Elle visualise parfaitement le nerf médian et ses variantes anatomiques à risque chirurgical ».
Après une incision de la peau de seulement 1 à 3 mm au niveau du pli de flexion du poignet, une lame est introduite sous guidage échographique jusque sous le ligament. Il n'y a pas de dissection, pas de trocart d'endoscopie et l'ensemble du geste, réalisé sous une simple anesthésie locale, dans un bloc d'interventionnel léger, dure environ cinq minutes.
« L'atout de cette approche réside dans la sécurité du geste grâce au guidage échographique, l'absence de cicatrice et le retrait du pansement à J3, synonyme d'une reprise des activités beaucoup plus rapide », indique le Dr Petrover, auteur de la plus large série à ce jour (129 patients), qui a souligné la bonne efficacité et la récupération après échochirurgie (1). Une étude pilote (2) du Dr Bertrand Lecoq, rhumatologue interventionnel à Caen ayant inclus une quarantaine de patients avait aussi suggéré les bénéfices de cette approche. Une technique similaire a été évaluée par le Dr José-Manuel Rojo-Manaute, chirurgien à Dubaï, dans une étude randomisée monocentrique sur 92 patients, qui tend également à montrer une plus grande vitesse de récupération comparativement à la chirurgie classique mini-open (3).
"Nous essayons désormais de mettre en place une étude multicentrique pour confirmer les bénéfices de cette technique versus chirurgie et mieux préciser la courbe d'apprentissage", souligne le Dr Petrover.
D'après un entretien avec le Dr David Petrover, IMPC Bachaumont, Paris / Pole locomoteur, hôpital Lariboisière, Paris.
(1) Petrover D et al. CV Intervent Radiol. 2016 Dec 27.
(2) Lecoq B et al. Joint Bone Spine. 2015;82:442-5.(3) Rojo-Manaute JM et al. J Ultrasound Med. 2016;35:1149-57
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