Depuis juillet 2007, date de parution d’un rapport de l’HAS concernant l’évaluation des conditions de réalisation des actes d’exérèse de lésions cutanées, la dermatologie a enfin acquis officiellement un début de reconnaissance du statut de spécialité chirurgicale qu’elle réclamait depuis longtemps.
En effet, après une période faste qui remonte au début du XXe siècle, il y eut une certaine désaffection des dermatologues pour la chirurgie cutanée.
«On a eu la chance ces dernières années de pouvoir faire renaître la chirurgie cutanée et de réunifier plusieurs enseignements régionaux, souligne le Dr Patrick Guillot. Sous l’impulsion du Pr Claire Beylot, parallèlement à la création du groupe chirurgical de la Société française de dermatologie (SFD), un diplôme interuniversitaire national de chirurgie dermatologique a été créé pour former les jeunes dermatologues, ou les dermatologues déjà installés, à un certain niveau de pratique chirurgicale afin de leur permettre, dans la mesure du possible, d’opérer eux-mêmes la plupart des tumeurs cutanées bénignes et malignes ».
La chirurgie dermatologique intéresse aujourd’hui l’exérèse de tumeurs bénignes qui se pratique en cabinet, mais aussi les tumeurs cutanées malignes qui représentent une grande partie des pathologies vues par le dermatologue.
L’activité chirurgicale cutanée (exérèse simple ou avec réparation par autoplastie ou par greffe) est majoritairement réalisée en cabinet de ville sans hospitalisation, et sous anesthésie locale. Mais des conditions liées à l’état de santé du patient et à la complexité de la réparation, notamment au niveau du visage, requièrent dans certains cas une hospitalisation majoritairement ambulatoire.
La chirurgie de Mohs gagne du terrain.
Les avancées technologiques en chirurgie cutanée proprement dite ne sont pas aussi innovantes que dans le domaine des lasers ou de l’esthétique. « Ce qui est innovant depuis quelques années, c’est le développement de la chirurgie micrographique de Mohs », indique P. Guillot. Ce type d’intervention consiste pour certaines tumeurs agressives à associer à l’exérèse une analyse microscopique permettant d’analyser de façon exhaustive les marges latérales et profondes sur des coupes congelées en galettes, obtenues dans l’heure qui suit l’excision. Cette approche permet une réduction des marges d’exérèse en toute sécurité par rapport à une technique histologique standard (coupes transversales) et assure une excision complète de la tumeur tout en donnant de meilleurs résultats esthétiques puisque la taille de la perte de substance a pu être réduite. Ce type de chirurgie est très répandu aux États-Unis mais n’est pratiqué en France que dans une demi-douzaine de centres, essentiellement universitaires. Une variante du « Mohs congélation » est le « slow Mohs », dans lequel l’anatomopathologiste a entre deux et trois jours pour examiner la pièce d’exérèse qui n’est pas congelée mais incluse en paraffine. Elle peut ainsi faire l’objet d’immunomarquages et de colorations spéciales, afin d’avoir encore une meilleure certitude d’exérèse complète, notamment dans le mélanome de Dubreuilh.
Entretien avec le Dr Patrick Guillot, CHU de Bordeaux.
Président du groupe chirurgical de la SFD.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024