DE NOTRE CORRESPONDANT
COMMENT améliorer la sécurité des soins et en « faire une culture partagée par tous sur le terrain », selon l’expression du Pr Jean-Luc Harousseau, président de la Haute Autorité de santé ? La question était au cœur des Rencontres de la HAS, qui viennent de se tenir à Lyon. Pour tendre vers cet objectif, la HAS dispose, certes, d’un arsenal d’outils et de procédures - de la certification des établissements de santé à l’accréditation des médecins exerçant une spécialité à risques, en passant par la diffusion de supports et autres guides de bonnes pratiques jusqu’aux actions et campagnes thématiques !
Mais cette culture de la qualité doit surtout se diffuser sur le terrain, à tous les échelons. Comment par exemple convaincre l’ensemble des maillons de la chaîne de soins que l’application « stricte, systématique et intelligente » de la check-list, selon le vœu du Pr Vincent Piriou (Collège français des anesthésistes, hôpital Lyon-Sud), doit devenir une préoccupation constante et partagée, les études montrant qu’elle fait chuter d’un tiers les complications postopératoires (et que 50 % des événements indésirables survenus après chirurgie auraient pu être évités grâce à l’application stricte) ?
L’expérience montre en effet que la seule exigence réglementaire ne suffit pas : pour qu’une bonne pratique devienne efficiente, il est impératif que les professionnels soient convaincus de son utilité et se l’approprient. La HAS milite en ce sens. Sur la check-list toujours, d’autres interrogations émergent, qui invitent à « repenser le management des équipes », souligne le même expert lyonnais. La sécurisation du bloc ne règle pas tout. Le risque peut se déplacer en amont, dès les urgences, ou en aval, dans les salles de réveil. Ce qui induit une remise à plat des pratiques avant et après l’intervention, la vigilance des soignants devant s’exercer tout au long du circuit de soins. Comme le relève Claude Rambaud, présidente de l’association Le Lien, une proportion très significative des plaintes et des actions en justice trouve son origine dans les infections nosocomiales, et donc les défauts d’asepsie.
Autre défi pour la HAS : la sécurisation du circuit du médicament (et son bon usage) dans les établissements. Une grande partie des dommages provient d’une « défaillance de l’organisation », la moitié d’entre eux étant provoqués par une erreur lors de l’administration, explique la pharmacienne hospitalière Édith Dufay (responsable de la logistique médicale du Centre hospitalier de Lunéville). D’où l’effort de la HAS sur ce deuxième volet de la sécurité du patient. Sur le site internet de la Haute Autorité (1), chaque établissement peut accéder à une série d’outils pédagogiques (fiche patient, mémo sur les règles d’administration du médicament, guide de certification, outils d’analyse des erreurs). Ce souci d’amélioration de la sécurité des produits et de leur administration reste « un long combat », conclut-elle, cette préoccupation n’étant pas, à ses yeux, une priorité suffisamment prise en compte par l’industrie, notamment dans la présentation de certains produits.
(1) Guides, outil interactif avec retour d’expérience, cas concrets d’analyse d’erreurs médicamenteuse et foire aux questions sont accessibles sur le site de la HAS - www.has-sante.fr
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