S’il faut commencer le « fast track » dès que possible, pourquoi ne pas le faire dès la période pré-opératoire ? « C’est l’idée du patient debout, explique le Dr Olivier Untereiner, anesthésiste réanimateur à l’Institut Mutualiste Montsouris (IMM) et chef du projet "patient debout". C’est la première fois que le transfert à pied du patient au bloc opératoire va être appliqué à l’échelle d’un établissement entier ». D’ici fin 2015, l’IMM prévoit que seuls les patients instables ou ayant un handicap moteur soient brancardés.
L’établissement mutualiste vient de lancer un programme de travail pour la mise en place du projet, après un test réussi en chirurgie ambulatoire depuis octobre 2014. « Sur les 400 patients à qui le transfert debout a été proposé, aucun n’a refusé, souligne le Dr Untereiner. Le questionnaire de satisfaction a montré que 84 % préféreraient un transfert à pied à l’avenir. Parmi les 16 % choisissant le brancard, beaucoup projetaient en fait la survenue d’un handicap futur ».
Le projet est né au sein de l’équipe d’anesthésie, qui a voulu suivre l’exemple du centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon. « Le centre lyonnais a poussé les choses très loin, expose le Dr Untereiner. Là-bas, les patients gardent leur perruque et leur dentier jusqu’à leur entrée dans le bloc. La dignité est préservée le plus possible. Les patients étant acteurs, le stress diminue nettement. »
Des freins du côté du personnel
Le projet n’a pas eu de mal à convaincre la direction de l’établissement en prise depuis quelques années à des problèmes organisationnels liés au brancardage. « L’optimisation des blocs opératoires est un gros enjeu économique pour l’établissement, explique le Dr Untereiner. Les retards répétés des patients décalent le programme opératoire et se chiffrent en milliers d’euros. Même si le nombre de brancardiers nécessaire reste le même, le transfert debout permet d’optimiser l’occupation des blocs et de diminuer le temps d’attente. Et si on sait combien le projet va coûter, environ 1 euro/patient, les économies réalisables ne sont pas chiffrées. »
Des freins existent pourtant, pas tellement du côté des patients mais plutôt du personnel soignant. « Les professionnels vivent parfois le patient debout de façon intrusive, explique l’anesthésiste. Ce n’est plus un patient allongé passif mais une personne debout qui va se faire opérer. En fait, 50 % du personnel pensent que c’est bien, 1/4 que cela a peu d’intérêt et le dernier quart est réticent ».
Les critères des patients à transférer debout seront très restrictifs au début. « Cela devrait représenter environ deux tiers des patients », estime le Dr Untereiner. La gestion de la prémédication occupe beaucoup le groupe de travail, qui va devoir convaincre de l’effet anxiolytique pour le patient de venir en marchant. « Les études montrent que le souvenir du bloc reste le même, quelle que soit l’option choisie, placebo, avec et sans prémédication, précise l’anesthésiste. L’idée serait de donner une prémédication aux patients qui la demandent, mais de ne pas la donner systématiquement ».
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