Exérèse des tumeurs cérébrales

L'hypnose séduit la chirurgie éveillée

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Publié le 04/02/2016
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HYPNOSE

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Crédit photo : DR

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L'hypnose pour remplacer l'anesthésie générale :  telle est aujourd'hui la nouvelle alternative proposée aux patients du CHRU de Tours en passe d'être opérés d'une tumeur du cerveau en « chirurgie éveillée ».

Une solution jusqu'alors inédite en France pour ce type d'intervention.  La technique classique consiste dans ce cas  à endormir le patient par anesthésie générale, à ouvrir la boîte crânienne, puis à le réveiller pour permettre d'établir sa cartographie cérébrale afin d'enlever la tumeur sans endommager d'autres parties du cerveau, et enfin à le rendormir pour finir l’intervention.

Au CHRU de Tours, le Dr Ilyess Zemmoura, neurochirurgien et le Dr Éric Fournier, anesthésiste ont initié l'emploi de l'hypnose dans la première phase de l'intervention. « Nous avons eu cette idée pour pouvoir opérer les patients atteints de gliome pour lesquels existe une contre-indication à l'anesthésie (personnes âgées, problèmes d’obésité...) », explique le premier. « L’hypnose permet en outre au patient de recouvrer immédiatement, dès la levée de la transe, une vigilance normale très utile à la fiabilité des tests. Alors qu'il faut en général 45 minutes de réveil pour retrouver cet état après la première phase d’anesthésie générale », ajoute-t-il. Si, du reste, certaines de ces interventions se déroulent sous anesthésie locale, il existe une autre cause d'inconfort ou de stress possible pour le patient : les bruits et vibrations lors de la craniotomie.

Entre 2011 et 2015, les deux médecins ont ainsi opéré 37 patients avec cette méthode, dans le cadre d'une étude* de faisabilité dont les résultats ont été publiés en décembre 2015 dans la revue « Neurosurgery ». Des tests mesurant le stress ont, du reste, été réalisés auprès des patients traités et confirmé que cette expérience était bien vécue par la majorité d'entre eux.

20 et 30 patients par an

Cependant, « la préparation du patient débute bien avant l’intervention, précise le Dr Zemmoura. Dès lors que le patient donne son accord, son degré d’hypnotisabilité va être validé, afin de décider de réaliser l’intervention sous hypnose ou non. » À noter que l’hypnotisabilité est variable dans le temps et au cours de la vie. La motivation du patient est essentielle pour obtenir une bonne efficacité de l’hypnose. Lors de la consultation pré-opératoire, l’anesthésiste échange avec le patient, afin de définir « l’histoire personnalisée » (selon ses loisirs, ses habitudes de vie...) qu’il lui contera au fil de l’intervention, pour le plonger et le maintenir en état d’hypnose. Au moment de l’intervention, l’anesthésiste plongera le patient en hypnose, avant même que le neurochirurgien ne le touche. 

« Nous opérons entre 20 et 30 patients par an, en chirurgie éveillée, au CHRU de Tours. Ils ont désormais le choix de  bénéficier, sans anesthésie générale, d’une intervention minimisant les risques d’endommager des zones clés de leur cerveau au moment d’ôter la tumeur », conclut le Dr Zemmoura.

*étude « Hypnosis for Awake Surgery of Low-grade Gliomas: Description of the Method and Psycho- logical Assessment », dont les résultats ont été présentés en décembre 2015 dans la revue Neuro- surgery.

Betty Mamane

Source : Le Quotidien du médecin: 9468