C’EST EN NOVEMBRE prochain que seront présentées les recommandations sur la chirurgie ambulatoire en urologie lors du congrès national de l’Association française d’urologie (AFU). Ces recommandations, élaborées par l’AFU, bénéficieront du label de la Haute autorité de santé (HAS). « L’objectif de ce travail est de présenter les spécificités urologiques dans le cadre de la chirurgie ambulatoire et les conditions requises pour permettre la prise en charge chirurgicale d’une pathologie urologique en ambulatoire avec les mêmes conditions de sécurité qu’en hospitalisation traditionnelle. Le but de l’AFU est d’accompagner les urologues dans le virage majeur que constitue le développement de la chirurgie urologique ambulatoire en mettant à leur disposition des recommandations pour une pratique de qualité dans leurs structures de soins », indique le Dr Gilles Cuveliez, responsable de la Commission de chirurgie ambulatoire de l’AFU qui a rédigé ces recommandations via un groupe de travail regroupant des urologues des différents modes d’exercice (libéral, hospitalo-universitaire, hospitalier, ESPIC), des urologues en formation (AFUF). Ce groupe comprenait également une représentation des différentes composantes du Conseil national professionnel d’urologie (Société savante, syndicat et collège). « On peut préciser qu’il s’agit d’un travail transversal au sein de l’AFU. Les 9 comités de l’AFU participent au groupe de cotation de 15 personnes et l’ensemble des urologues des comités vont faire partie du groupe de lecture », indique le Dr Cuveliez. Selon ce dernier, ces recommandations étaient devenues une vraie nécessité. « Le développement de la chirurgie ambulatoire est désormais une priorité affichée par nos institutions sanitaires. Mais en France, ce mode de prise en charge reste insuffisamment développé par rapport aux autres pays de l’OCDE. On recense ainsi 83 %, d’interventions chirurgicales faites en ambulatoire aux États-Unis, 79 % en Grande-Bretagne, 70 % dans les pays d’Europe du Nord contre seulement 37 % en France », souligne le Dr Cuveliez en précisant que ce pourcentage varie selon les types d’intervention. « En France, 90 % de la chirurgie de la cataracte se fait en ambulatoire. Il est clair qu’on ne parviendra jamais à un tel niveau en chirurgie urologique mais on peut atteindre les 50 % dans une grande partie des structures de soins, pour tous les modes d’exercice », estime le Dr Cuveliez. « L’urologie est une spécialité chirurgicale qui a beaucoup évolué avec les nouvelles technologies. Il y a encore 5 ans, par exemple, on n’aurait pas imaginé que la prostate puisse être traitée en ambulatoire », ajoute-t-il. Le Dr Cuveliez insiste aussi sur les bénéfices de la chirurgie ambulatoire pour les patients. « On privilégie une chirurgie moins invasive avec une meilleure gestion de la douleur et des cicatrices. On va aussi s’efforcer de supprimer les drainages, d’éviter les sondes. La chirurgie ambulatoire entraîne aussi moins d’infections nosocomiales, moins de phlébite, moins de désorientations chez les personnes âgées qui peuvent retourner plus rapidement chez elles. Il faut être conscient du fait qu’au cours des prochaines années, tous les progrès de la chirurgie concerneront la réhabilitation précoce, l’objectif étant de remettre le patient debout le plus vite possible et permettre un retour à domicile rapide », explique le Dr Cuveliez. Ces recommandations AFU présentent plusieurs originalités par rapport aux autres recommandations existantes dans le domaine de la chirurgie ambulatoire. Elles ont d’abord été écrites avec diverses sociétés savantes, institutions et associations (SFAR, AFCA, CNCE, SFGG, ANAP, CIIS, CHEM, AIIFU). « Nous avons en effet souhaité que le texte soit validé par nos collègues anesthésistes, chirurgiens pédiatres, gériatres et généralistes et relu par des patients », explique le Dr Cuveliez en ajoutant qu’une attention toute particulière a aussi été accordée au rôle du médecin traitant et à l’articulation entre la ville et l’hôpital. « Dans une intervention chirurgicale, il y a toujours un avant et un après et il est essentiel que les généralistes soient pleinement associés à ce mode de prise en charge », estime le Dr Cuveliez. Autre nouveauté : une version de ces recommandations, destinée au grand public, sera disponible sur le site urofrance. « Nous estimons qu’il est important que les patients soient totalement impliqués dans ce développement de la chirurgie ambulatoire car ce sont des partenaires à part entière », indique le Dr Cuveliez, en précisant que ces recommandations comportent un chapitre visant à ouvrir la réflexion éthique autour du développement et la pratique de la chirurgie ambulatoire.
D’après un entretien avec le Dr Gilles Cuveliez, responsable du service d’urologie et coordonateur de l’unité de chirurgie ambulatoire du centre hospitalier de Cornouaille, Quimper. Responsable de la commission chirurgie ambulatoire de l’AFU
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