Parmi les 16 000 patients qui ont eu besoin de greffe en 2011, seuls 800 ont été candidats à une greffe cardiaque. Et alors que le nombre de demandeurs d’organes tous confondus augmente d’année en année, celui qui concerne le cœur stagne depuis 5 ans. À l’heure où la science connaît d’énormes progrès en matière de cœur artificiel, la question de la stagnation des greffes cardiaque se pose. Selon le Dr Richard Dorent, de l’Agence de la Biomédecine, le facteur limitant principal est le nombre de donneurs : « l’accès à la greffe cardiaque est avant tout limité par une offre insuffisante ». Et les ressources, en matière de greffon cardiaque, sont médiocres : « il n’y en a pas car l’âge des donneurs augmente » précise le cardiologue. Qui ajoute : « il est évident qu’on ne va pas greffer le cœur d’un homme de 65 ans à un sujet de 20 ans ». Car la réalité des autres dons d’organes n’est pas celle des greffons cardiaques, dont la source se réduit aux morts cérébrales. En France, le nombre de candidats pour un greffon est de 2 pour un.
Élargir et évaluer les critères du donneur
Si l’agence de biomédecine déplore ce manque de greffons, elle n’en reconnaît pas moins la place avantageuse de la France. Car si l’on compare le nombre de greffés en France, à celui d’autres pays européens, notre pays n’est pas à plaindre : « en 2012, nous avions 6,1 greffés cardiaques par million d’habitants. Ce qui est bien supérieur à l’Allemagne, au Royaume-Uni et à l’Italie, dont le taux se situe autour de 4 ». Et pour conforter cette vision positive de la situation française, le Dr Dorent relativise l’actuelle stagnation du nombre de greffés, stable autour de 400 depuis 3 ans. C’est sans compter l’évolution rapide au début des années 2000. Entre 2003 et 2013, le nombre est passé de 283 à 410. Une différence qui laisse apparaître une augmentation de 44 % du nombre de greffés pendant ces 10 années. Pour autant, l’Agence de Biomédecine ne perd pas de vue le défi de réveiller le nombre de donneurs. Et pour donner, il faut prélever. L’une des solutions présentées par le Dr Richard Dorent pour booster le nombre de donneurs, est d’élargir les critères du don, en prélevant éventuellement des patients plus âgés. Une condition à cela : « la coronarographie », rapporte le cardiologue. « Il faut évaluer ces donneurs aux critères élargis de manière différente, grâce à des examens supplémentaires » précise-t-il. L’âge et la fraction d’éjection mesurée par échographie ne suffisant pas chez les sujets plus âgés.
Disparités
Autre mesure avancée pour améliorer l’accès à la greffe cardiaque : moduler les règles de répartition des greffons. Pour les répartir en fonction du profil du receveur, et non en fonction du lieu géographique : « on souhaiterait adresser le greffon à un malade, et non plus qu’à une équipe » propose le Dr Dorent de l’agence de la biomédecine. D’autant plus qu’il existe de fortes disparités géographiques en France. À la fois en terme de donneurs, que d’inscription sur les listes d’attente. « Ces chiffres passent du simple au triple » observe le cardiologue. Est-ce parce que certaines équipes régionales sont plus réticentes, que les patients sont plus âgés, que les malades sont moins nombreux ? Par manque de données, l’agence de biomédecine ne peut y répondre. Mais s’efforcera de rétablir une bonne répartition greffon-greffé.
Agence de la Biomédecine, Greffe cardiaque, Bilan 2012
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