L’ablation du clitoris partielle ou totale, des petites et/ou grandes lèvres causent de sérieux dysfonctionnements sexuels et demande une prise en charge complexe associant l’aspect psychologique, sexologique et comportemental.
« L’impact des mutilations génitales féminines se traduit par une réduction anatomique qui joue sur l’orgasme. Les femmes excisées ont moins de désir, d’excitation, de lubrification et d’orgasme. Elles ont subi des violences, parfois des viols, des mariages forcés et elles ont des cultures et des histoires différentes. La prise en charge est psychiatrisée. Il faut interroger, évaluer les comorbidités mais surtout écouter sa patiente », explique le Dr Béatrice Cuzin, urologue au CHU de Lyon. La réparation clitoridienne n’est pas toujours le premier motif de consultation. Les patientes viennent pour des douleurs chroniques, des problèmes sexuels mais surtout pour retrouver une « identité sexuelle ».
La rééducation du clitoris, une étape complexe
Si les patientes et l’équipe médicale se tournent vers l’opération réparatrice, la phase Post-Op de réhabilitation du clitoris est cruciale. « Il faut apprendre à la patiente à regarder son clitoris, à le toucher, lui expliquer comment le stimuler afin de réaugmenter le système sanguin », souligne le Dr Cuzin. Pour remettre en circuit le sexe de la femme, il existe plusieurs solutions : le PDE5 (inhibiteur phosphodiestérase de type 5) qui permet d’augmenter la circulation sanguine et faire réagir l’organe, les exercices de rééducation du périnée ou encore les boules de Geïsha qui confèrent « une sensibilité vibratoire du sexe, créent une stimulation vaginale et permettent de faire connaître les effets de la combinaison entre clitoris interne et externe. Le but étant de redonner une identité sexuelle à la femme », indique le Dr Cuzin. Dans la réhabilitation, l’environnement de la femme compte aussi. Des thérapies comportementales comme le « Mindfulness », une technique de méditation proche du bouddhisme augmenterai les sensations des femmes par rapport à leur environnement afin de retrouver le contact avec leur corps et leur partenaire.
Aujourd’hui de nouvelles normes sexuelles apparaissent. On parle « d’autonomie », de « responsabilité » ou « d’indépendance ». « Les femmes excisées demandent à avoir un corps esthétiquement normal et à avoir du plaisir. Or le clitoris est le symbole de la sexualité », souligne Michela Villani, sociologue à l’université de Fribourg en Suisse. Un tiers de femmes excisées souffrent de stress post-traumatique et la moitié, de troubles psychologiques. Dans un couple mixte où le partenaire n’est pas issu de pays pratiquant l’excision, la femme peut ressentir une certaine culpabilité. « Elle ne se sent pas à l’aise dans son couple, ni dans son corps. Elle se sent maladroite, complexée comme si elle n’était pas une femme », poursuit le Dr Villani.
53 000 femmes excisées résidant en France
Selon le dernier rapport 2013 de l’UNICEF, 125 milions de femmes et filles ont été victimes de MSG/E majoritairement en Afrique et au Moyenn-Orient. D’après les estimations de l’organisation, 53 000 femmes résideraient en France. La France, pays pionner dans la chirurgie réparatrice en a fait une question de santé publique en 2005. « Sur le terrain, l’approche de l’UNICEF réside dans la mobilisation des différents niveaux de la société, des communautés au sommet de l’État, en passant par les associations, les intellectuels, le corps médical, les religieux, les agents de santé, les enseignants, les pères, les maris, etc. Je suis persuadée que ce n’est qu’ensemble, en combinant tous les niveaux d’action, que nous obtiendrons des résultats tangibles pour améliorer la prise en charge des femmes excisées », a souligné Michèle Barzach, présidente d’UNICEF France.
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