Au terme de l’analyse de plusieurs registres ou d’études de cohortes et de quelques essais thérapeutiques contrôlés de faible puissance et souvent imparfaits, il a été envisagé que les statines pouvaient réduire l’incidence des fibrillations atriales et des infarctus du myocarde lorsqu’elles sont prescrites pendant la période péri-opératoire d’une chirurgie cardiaque ou d’une chirurgie à haut risque Cardiovasculaire (CV).
Ces constatations ont fait évoquer un effet pléiotrope des statines, c’est-à-dire un effet qui ne serait pas médié par la diminution du LDL cholestérol.
Bien que le niveau de preuve de ce bénéfice potentiel soit modérément élevé, il est donc le plus souvent proposé, dans diverses recommandations, de ne pas interrompre un traitement par une statine chez un patient en recevant et devant avoir une chirurgie cardiaque ou une chirurgie à risque CV élevé. De même, il est le plus souvent proposé de débuter une statine d’action prolongée avant de telles chirurgies et de maintenir la statine durant toute la période péri-opératoire.
Statines en péri-opératoire d’une chirurgie cardiaque
Afin d’évaluer l’apport effectif des statines en péri-opératoire de chirurgie cardiaque, une équipe académique d’Oxford, en Grande-Bretagne, a planifié un essai thérapeutique contrôlé, devant être conduit en Chine, l’étude STICS.
L’étude STICS a été conduite chez des patients qui devaient avoir une chirurgie cardiaque programmée et âgés de 18 à 80 ans.
Cet essai a été conduit en double aveugle contre placebo afin d’évaluer la rosuvastatine à 20 mg/j prescrite jusqu’à 8 jours avant la chirurgie et maintenu pendant les 5 jours postopératoires.
Deux critères primaires ont été évalués :
- la survenue d’une Fibrillation atriale (FA) postopératoire enregistrée sur l’électrocardiogramme surveillé en continu pendant 5 jours en postopératoire ;
- la valeur de troponine, en termes d’aire sous la courbe, en en faisant des dosages à intervalle régulier, à 6, 24, 48 et 120 heures après la chirurgie.
Cet essai a inclus 1 922 patients et n’a montré aucun effet du traitement évalué sur chacun des critères primaires :
- pas de différence significative dans l’incidence des FA entre les groupes comparés (RR : 1,04 ; IC 95 % : 0,84-1,30) et ce, dans tous les sous-groupes évalués, notamment avec un traitement préalable à l’étude par une statine ou non, que la statine évaluée dans l’étude ait été débutée dans ou avant les dernières 48 heures… ;
- pas de différence dans les valeurs de troponine entre les groupes, la différence des moyennes d’aire sous la courbe a été de + 2 % (IC95 % : - 8 à 14 % ; p = 0,72).
L’étude STICS invalide les données jusqu’ici disponibles sur le sujet. Il n’y a pas d’utilité à proposer un traitement par statine lors d’une chirurgie cardiaque. Plus encore, comme l’analyse en sous-groupe concernant les patients recevant préalablement une statine ne montre pas de différence de pronostic, que la statine soit arrêtée ou continuée, il semble possible d’arrêter un traitement par statine lors d’une chirurgie cardiaque.
Ces éléments constituent de réels changements pour la pratique et invalident l’hypothèse d’un effet pléiotrope des statines dans ce contexte.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024