Une équipe d’ingénieurs et de médecins américains vient de mettre au point, pour l’instant chez l’animal, un dispositif permettant au chirurgien de détecter, en temps réel, la présence de tissu cancéreux lors de l’ablation d’une tumeur. Leurs travaux sont présentés dans la revue « IEEE Transactions on Biomedical Engineering (TBME) ». « Lors d’une opération, l’un des buts du chirurgien est de s’assurer de ne laisser aucune cellule cancéreuse dans le tissu environnant afin de réduire le taux de récidive. Comment un chirurgien peut-il savoir s’il a retiré assez de tissu ? Notre objectif est de fournir une meilleure information en temps réel pour guider la chirurgie », explique le Pr Aaron Mohs, spécialiste en médecine régénérative à Wake Forest Baptist Medical Center et co-inventeur de la technique.
Un système qui marque les frontières entre tissus sains et malades
Le prototype combine un colorant vert d’indocyanine fluorescent qui localise les tumeurs avec un système d’imagerie en temps réel. Le système d’imagerie est composé de trois caméras localisées au-dessus du champ opératoire. Les images enregistrées par les deux systèmes sont traitées pour afficher une image composite via un écran présent dans la salle d’opération. Cette technique marque une frontière nette entre les deux types de tissus, ce qui permet au chirurgien de faire la différence rapidement entre tissus malins « colorés et illuminés » et tissus normaux. Le chirurgien pointe son laser vers la zone d’intérêt et peut ainsi vérifier « en live » s’il reste du tissu cancéreux aux alentours de la tumeur. La tumeur sera alors enlevée chirurgicalement et la région sera de nouveau analysée pour évaluer si le tissu malin a été entièrement enlevé. Le processus sera répété jusqu’à ce que le tissu cancéreux ne puisse plus être détecté.
Moins invasif et plus rapide
Les technologies actuelles - IRM ou d’autres systèmes - permettent aux chirurgiens de visualiser la tumeur avant l’intervention. Cependant, l’utilisation de ces systèmes pendant l’opération nécessite de bouger le patient de la table d’opération, ce qui prolonge le temps de chirurgie. « Être capable de numériser rapidement une tumeur pendant la chirurgie pour visualiser les tissus tumoraux est un besoin clinique. Les techniques connues et utilisées lors de la chirurgie peuvent prendre jusqu’à 20 minutes et se concentrent exclusivement sur la tumeur à enlever, non sur les tissus aux alentours », poursuit le Pr Mohs.
Ce nouveau dispositif a été testé sur le modèle murin et canin car « les tumeurs ont une architecture semblable à celles des humains », note les auteurs. La prochaine étape sera de tester le dispositif sur le carcinome canalaire invasif humain. Les auteurs ont également précisé que d’autres recherches concernant les colorants fluorescents étaient en cours.
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